Ce qu’il faut savoir
À dix-huit mois de la présidentielle de mars 2026, le projet de vice-présidence défendu par le ministre délégué Dominique Basseyla revient sur le devant de la scène. L’idée, issue du dialogue national de Sibiti, alimente la réflexion institutionnelle impulsée par le chef de l’État.
Devant la presse à Brazzaville le 9 octobre 2025, dans la salle de conférences de l’AOGC, le commissaire général du Comité ad hoc a détaillé les avancées de la gouvernance électorale, saluant « la détermination présidentielle à garantir un scrutin apaisé ».
Sibiti 2015, socle d’une réforme consensuelle
Le dialogue de Sibiti a recommandé la modernisation de l’architecture politique. Ses conclusions ont inspiré la Constitution du 25 octobre 2015, qui consolide le rôle arbitral du président Denis Sassou Nguesso tout en ouvrant la porte à de nouveaux mécanismes d’équilibre institutionnel.
Dominique Basseyla rappelle que « l’heure est au suivi rigoureux des engagements ». Son comité sillonne administrations et partis pour évaluer l’application des soixante recommandations. Les experts estiment qu’environ 70 % sont déjà opérationnelles, dont l’autonomisation annoncée de la future Commission nationale électorale indépendante.
Trois blocs pour clarifier le jeu partisan
Pour éviter la dispersion des voix, le ministre propose de regrouper les formations autour de trois sensibilités : républicaine, socio-démocrate et centriste. Aucun parti ne serait dissous, mais chacun déclarerait son appartenance avant fin 2025.
Cette cartographie, inspirée de modèles observés en Afrique australe, facilitera la lisibilité pour l’électeur et la répartition équitable des responsabilités. Au Palais du Peuple, plusieurs députés saluent une « prescription de bon sens » qui limiterait les candidatures exotiques à la présidentielle.
Un ou deux vice-présidents ? Le débat s’installe
Le scénario d’un seul vice-président, nommé par décret, séduit pour sa simplicité : il remplacerait le chef de l’État en cas d’empêchement et mènerait des missions diplomatiques, laissant au Président l’orientation stratégique.
La variante à deux vice-présidents, l’un politique, l’autre chargé du Gouvernement, impliquerait la suppression du poste de Premier ministre. Certains juristes y voient un gage de cohérence exécutive. Le sujet sera tranché lors de la session parlementaire de décembre.
Vers un scrutin de liste proportionnel
Pour les législatives suivantes, le Comité ad hoc suggère la représentation proportionnelle dès 2026 afin de mesurer le poids réel des blocs. Chaque département formerait une circonscription unique où trois listes se disputeraient les sièges.
Les candidatures indépendantes seraient momentanément écartées, puis réintégrées via les blocs. « La légitimité se construit par la clarté », insiste Basseyla. Des tests de simulation seront menés avec l’appui de la CONEL, dont la loi organique sera bientôt enrichie.
Biométrie et révision du fichier électoral
Le gouvernement a lancé la révision administrative des listes. Le Comité recommande toutefois l’enrôlement biométrique intégral dès que les infrastructures seront prêtes, pour éliminer les doublons et sécuriser le vote des Congolais de la diaspora.
À retenir : le ministère de l’Administration du territoire finalise l’audit du registre d’état civil. Le financement est bouclé à 60 %, et le reste devrait être mobilisé via la coopération bilatérale avant le premier trimestre 2026.
Le coût des scrutins sous la loupe
Le Comité ad hoc plaide pour une révision du budget électoral, jugeant excessives certaines rubriques logistiques. L’objectif est de rendre le processus plus efficient et d’encourager la participation citoyenne, souvent freinée par des dépenses connexes.
En réponse, le ministère des Finances étudie la mutualisation de certaines opérations, dont l’impression centralisée des bulletins et la digitalisation des procès-verbaux. Cette optimisation, soutenue par la Banque de développement des États d’Afrique centrale, pourrait baisser de 15 % la facture globale.
Que faire concrètement ?
Le Comité invite les électeurs à vérifier leur inscription dès l’ouverture des commissions locales, à suivre les séances publiques de sensibilisation et à exiger le récépissé délivré par la CONEL. Les partis, eux, sont encouragés à tenir des congrès extraordinaires pour confirmer leur appartenance aux blocs.
Les organisations de la société civile préparent déjà des ateliers pédagogiques. « Nous voulons des citoyens outillés, pas seulement enthousiastes », souligne la chercheuse Léonie Okandzi. Selon elle, la dynamique institutionnelle initiée par le président Denis Sassou Nguesso crée un climat propice à l’apprentissage civique.
Cap sur mars 2026
La présidence réaffirme que le calendrier constitutionnel sera respecté. Le dépôt des candidatures ouvrira trente jours avant la campagne. D’ici là, la réforme sur la vice-présidence devrait aboutir, offrant un cadre plus stable à la course.
Si le Parlement valide la réforme, le Congo-Brazzaville rejoindra le cercle restreint des nations dotées d’une vice-présidence forte, gage de continuité et de sérénité institutionnelle. Pour les électeurs, le rendez-vous sera donc double : choisir un président et, indirectement, un nouvel équilibre de gouvernance.


