Une décision souveraine au cœur du Sahel
Dans un geste retentissant, le gouvernement militaire de Niamey a annoncé la nationalisation complète de la filiale locale du géant français de l’uranium, Orano, autrefois connu sous le nom d’Areva. Cette décision, officialisée le 19 juin par le truchement de la télévision d’État RTN, couronne une série d’événements ayant progressivement distendu les relations franco-nigériennes. Les autorités nigériennes justifient cette manoeuvre drastique par le ‘comportement irresponsable, illégal et déloyal’ de l’entreprise française, tandis que l’État nigérien affirme reprendre la pleine souveraineté sur ses ressources naturelles.
Contexte de tensions franco-nigériennes
Les relations tendues entre Paris et Niamey ne sont pas nouvelles, mais la spectre de la nationalisation de Somaïr insuffle une nouvelle dynamique à cette animosité historique. Alors que la France a historiquement participé à l’exploitation des mines d’uranium au Niger depuis les années 1970, l’émergence d’une junte militaire en 2023 a radicalement transformé les priorités nationales. L’administration actuelle accuse fréquemment la France de fomenter des troubles via des organisations terroristes, bien que de telles allégations manquent souvent de preuves tangibles.
Par ailleurs, le régime nigérien, cherchant à diversifier ses alliances, s’est tourné vers d’autres puissances telles que la Russie ou l’Iran, complexifiant encore davantage le jeu diplomatique.
Conséquences économiques et symboliques
La nationalisation a des conséquences immédiates sur l’économie uranifère du pays, avec environ 1 300 tonnes de concentré d’uranium toujours stockées à la mine de Somaïr, d’une valeur de 250 millions d’euros. Ce blocage résulte également d’une impasse diplomatique autour de la frontière béninoise, que Niamey refuse de rouvrir.
Les impacts économiques conjugués à un geste symbolique fort envers les anciens partenaires économiques soulignent la volonté du Niger de réaffirmer son autonomie et son contrôle sur ses richesses naturelles. L’expulsion des soldats français et américains engagés dans la lutte contre le djihadisme et la rétrocession de bases militaires en 2024 réaffirment cette posture.
Vers un nouvel ordre géopolitique ?
Au-delà de l’uranium, la décision du gouvernement de renvoyer les travailleurs chinois du secteur pétrolier pour leurs prétendues violations des règles locales souligne une tendance de plus en plus évidente : celle d’une politique nigérienne résolument nationaliste et autonome.
Le Niger semble désormais prêt à redéfinir ses alliances sur la scène mondiale, remettant en question les modèles de coopération passés et cherchant à établir une ligne indépendante, à l’écart des anciennes puissances coloniales qui ont historiquement façonné sa trajectoire économique et diplomatique.