L’annonce qui relance le compte à rebours
À Brazzaville, l’annonce du premier secrétaire de l’Union panafricaine pour la démocratie sociale, Pascal Tsaty-Mabiala, sur la tenue d’un second congrès ordinaire «constructif» a immédiatement relancé les spéculations sur l’échiquier qui mènera à l’élection présidentielle de 2026.
Un calendrier stratégique vers 2026
Le calendrier fixé en novembre 2025 pour la grand-messe de l’Upads laisse douze mois au parti d’opposition pour affiner ses lignes programmatiques avant l’ouverture officielle de la campagne, tandis que la majorité présidentielle consolide déjà ses relais locaux et son message de stabilité.
Lors de la 5e session du Conseil national, M. Tsaty-Mabiala a présenté un ordre du jour centré sur la restructuration, le fichier interne et la mobilisation budgétaire, rappelant que la discipline représente, selon ses mots, «la clé de voûte d’une alternance crédible».
La question disciplinaire au cœur du parti
Pourtant, les fissures internes demeurent visibles: accusations de «manie du beau rôle», ambition personnelle exacerbée et méfiance entre générations structurent des débats que le premier secrétaire promet de trancher par des sanctions «sans atermoiement», une démarche saluée par plusieurs analystes pour son souci de cohérence organisationnelle.
La vision gouvernementale de la compétition
Du côté gouvernemental, une source au ministère de l’Intérieur juge «positif de voir les formations politiques se préparer dans la sérénité», soulignant que la feuille de route institutionnelle vers 2026 reste inchangée : modernisation du fichier électoral, dialogue permanent et maintien de la sécurité sur l’ensemble du territoire.
Cette attitude officielle cadre avec la volonté affichée par le président Denis Sassou Nguesso de placer la prochaine consultation sous le signe de l’apaisement, une orientation régulièrement mise en avant lors des réunions du Conseil des ministres depuis le début de l’année, selon plusieurs comptes rendus publics.
Les congrès départementaux comme test national
Dans ce contexte, la tenue des congrès départementaux annoncés par l’Upads apparaît comme un baromètre local précieux : chaque fédération sera évaluée sur sa capacité logistique, financière et idéologique, alors que la majorité s’appuie déjà sur les récents scrutins municipaux pour tester ses propres maillages de terrain.
Le défi du financement et de la jeunesse
Le financement demeure cependant l’équation la plus sensible pour l’opposition, dont les ressources, essentiellement issues des cotisations, contrastent avec celles d’une coalition présidentielle portée par la croissance retrouvée dans les secteurs pétrolier et agricole, souligné récemment par le ministère des Finances.
Pour Mme Charlotte Mabiala, chercheuse à l’Université Marien-Ngouabi, «les deux années à venir seront décisives : un parti se juge à sa capacité à tenir ses engagements internes; l’électeur, lui, observe la cohérence entre discours et organisation».
La question générationnelle pèse aussi: l’Upads, fondé en 1991, doit séduire une population dont plus de 60 % a moins de 25 ans, rappelle l’Institut national de la statistique, alors que la majorité met en avant des programmes d’insertion professionnelle qui ont touché 25 000 jeunes depuis 2022.
Transparence électorale et réformes institutionnelles
Sur le front institutionnel, la Commission électorale nationale indépendante poursuit la modernisation de l’inscription biométrique, une évolution jugée «structurante» par la mission d’appui des Nations unies et saluée par le gouvernement qui y voit une garantie supplémentaire de transparence lors du vote présidentiel.
L’Upads, pour sa part, plaide pour un audit externe du fichier, proposition qualifiée de «légitime» par plusieurs observateurs mais déjà anticipée par le ministère de l’Administration territoriale, qui affirme qu’un contrôle indépendant est inscrit dans le calendrier opérationnel 2025.
Ouverture diplomatique et bataille numérique
Sur le terrain diplomatique, Brazzaville multiplie les échanges avec les partenaires de la CEEAC en vue d’un déploiement précoce d’observateurs; une démarche que l’opposition juge nécessaire et que le gouvernement présente comme la prolongation naturelle de sa politique d’ouverture.
Reste la mobilisation numérique: l’Upads annonce la création d’une plate-forme interactive pour capter la diaspora et les primo-votants urbains. De son côté, la majorité teste déjà des applications de campagne qui valorisent, via infographies, les indicateurs macroéconomiques repris dans le dernier rapport national de développement.
Indicateurs économiques et programmes rivaux
En toile de fond, les enjeux socio-économiques alimentent le débat. Les dernières prévisions de la Banque des États de l’Afrique centrale tablent sur une croissance de 4 % en 2025; un chiffre mis en avant par le gouvernement et que l’opposition veut nuancer en évoquant la répartition des retombées.
M. Tsaty-Mabiala affirme vouloir présenter au congrès un programme alternatif axé sur la diversification et la gouvernance locale, tandis que le Parti congolais du travail, chef de la majorité, insiste sur la continuité des grands chantiers routiers et énergétiques lancés depuis 2021.
Perceptions d’experts et regards internationaux
Pour le politologue Firmin Bassek, «la compétition se jouera sur la crédibilité des offres et la capacité de mobilisation; l’avantage institutionnel du pouvoir en place reste réel, mais il ne dispense pas d’une campagne persuasive et inclusive». Le terrain médiatique s’annonce donc décisif.
À vingt-deux mois du scrutin, le second congrès de l’Upads apparaît ainsi comme un jalon incontournable, observé avec vigilance par les chancelleries. Il pourrait clarifier le paysage sans remettre en cause la stabilité prônée par le chef de l’État, condition essentielle pour attirer investisseurs et partenaires.