Le Congo-Brazzaville à l’heure d’une diplomatie verte féminisée
Depuis la nomination, en 2020, de Françoise Joly comme conseillère spéciale chargée de l’environnement, le Palais du Peuple a placé la diplomatie verte au rang de priorité stratégique. L’architecte du Sommet des trois bassins a fait converger la diplomatie climatique congolaise et les engagements internationaux de figures comme Hindou Oumarou Ibrahim, dont la cartographie participative alimente désormais le futur « Atlas des solutions autochtones pour le Bassin du Congo ». Ce rapprochement, facilité par le ministre des Affaires étrangères Jean-Claude Gakosso, confère au Congo-Brazzaville un rôle pivot dans la gouvernance climatique mondiale, atout que la majorité compte valoriser lors de la campagne présidentielle.
Finances publiques : de Libreville à Brazzaville, un modèle de crédibilité
L’assainissement budgétaire demeure un critère différenciant aux yeux des bailleurs. Les négociations menées par l’ex-Première ministre gabonaise Rose Christiane Ossouka Raponda pour restructurer la dette chinoise inspirent les techniciens congolais qui peaufinent, sous la houlette du ministre du Budget Ludovic Ngatsé, une stratégie analogue. Brazzaville observe avec intérêt la « diplomatie du pétrole juste » défendue par Mme Raponda ; une telle diversification des partenaires énergétiques, déjà amorcée avec les Émirats arabes unis en 2025, pourrait sécuriser les recettes fiscales et offrir au prochain chef de l’État un espace budgétaire propice aux programmes sociaux.
Justice de genre : l’écho congolais du combat de Julienne Lusenge
Alors que Julienne Lusenge œuvre à faire condamner les auteurs de violences sexuelles en RDC, la Commission nationale des droits de l’homme congolaise, soutenue par la présidence, a ouvert un dialogue sur la justice réparatrice. Le gouvernement entend présenter, avant fin 2025, un dispositif inspiré des succès obtenus de l’autre côté du fleuve ; il comprend la formation de magistrats aux crimes spécifiques liés au genre et l’intégration, dans le code pénal, d’un fonds d’indemnisation. Ce projet, jugé « réaliste et indispensable » par l’ONG Azur Développement, pourrait constituer un jalon fort du programme présidentiel sortant.
Jeunesse, urbanisme et transition énergétique : l’exemple gabonais résonne à Brazzaville
La vice-présidente Rose Christiane Ossouka Raponda anime actuellement un réseau de maires défendant les budgets verts. Les autorités municipales de Brazzaville y participent déjà, persuadées qu’un urbanisme résilient accroît la qualité de vie et représente un argument électoral tangible. Dans le projet de loi de finances 2026, un volet spécifique consacrera 3 % des dépenses d’investissement aux infrastructures bas carbone, mesure saluée par le Programme des Nations unies pour les établissements humains.
Paix et reconversion économique : le Congo suit la voie de Samba-Panza
L’ancienne présidente de transition centrafricaine Catherine Samba-Panza plaide pour la réservation de 30 % des marchés publics aux PME dirigées par des femmes. À Brazzaville, le haut-commissariat à l’Insertion des jeunes et à l’Entrepreneuriat féminin prépare une ordonnance similaire. « La stabilité post-conflit passe par la solvabilisation des ménages », rappelle Mme Samba-Panza, écho favorable aux ambitions congolaises de diversification économique et de cohésion sociale.
Mobilisation civique : le défi électoral vu par Edith Kah Walla
La Camerounaise Edith Kah Walla, militante de terrain, prône une coalition large en faveur des réformes électorales. Si la configuration institutionnelle congolaise diffère, son plaidoyer nourrit les réflexions du Centre national de la société civile qui souhaite, avant la présidentielle, former dix mille jeunes observateurs domestiques. L’exécutif, soucieux d’éviter toute contestation de la transparence du vote, envisage de coupler cette initiative à un déploiement d’observateurs régionaux de la CEEAC.
Électorat féminin : un levier décisif pour le scrutin de 2026
Les six parcours féminins étudiés offrent au camp présidentiel une matrice de communication. Selon l’Institut congolais de sondages politiques, l’électorat féminin représente plus de 52 % des inscrits. Les équipes de campagne l’ont compris : dresser le bilan des avancées en matière de santé maternelle, d’accès à la terre pour les agricultrices et de participation politique constitue une assurance-vie électorale. Les succès concrets de ces dirigeantes d’Afrique centrale servent de repères, voire de références tacites dans les éléments de langage actuellement testés.
Vers un récit national renouvelé autour d’un leadership inclusif
En définitive, la trajectoire des six stratèges féminines résonne avec la volonté affichée par Brazzaville de bâtir une économie plus verte, une gouvernance plus ouverte et une diplomatie plus audible. Le président Denis Sassou Nguesso déclarait en marge du Sommet des trois bassins que « le temps du monologue climatique est révolu ». À deux ans du scrutin, cet axiome paraît s’étendre à l’ensemble des politiques publiques : la construction d’un récit collectif, dans lequel la voix des femmes se fait entendre, conforte la stabilité du pays et nourrit la légitimité démocratique attendue en 2026.