Unité retrouvée à Mpila
Dans l’amphithéâtre du siège national sis à Mpila, le secrétaire général Pierre Moussa a réuni, le 31 juillet, l’essentiel des figures de proue de la fédération PCT-Sangha. Le choix de Brazzaville, plutôt que de Ouesso, n’était pas anodin : il s’agissait de replacer la question de la cohésion interne sous le regard de la direction nationale afin de clore, sans équivoque, les querelles locales qui menaçaient d’éroder l’image d’un parti longtemps réputé discipliné.
Au-delà des formules convenues, la réunion a permis aux ministres, députés et responsables locaux de mettre cartes sur table. Pierre Moussa a martelé que « l’unité et la solidarité demeurent la condition sine qua non de notre victoire en 2026 ». Les applaudissements nourris ont traduit la volonté, souvent tue, de tourner la page des rivalités alimentées par la compétition pour les investitures futures. À l’issue de quatre heures d’échanges, un consensus s’est dessiné : préserver l’esprit de conquête qui avait permis au PCT de rafler l’intégralité des sièges parlementaires dans la Sangha en 2022.
Les signaux envoyés à l’électorat de la Sangha
Dans un département où le PCT cumule déjà 100 % de députés et de sénateurs, la tentation pourrait être grande de considérer la bataille politique comme acquise. Or, la présidentielle de 2026 ouvre une compétition de toute autre ampleur. Les clivages internes, même sous-jacents, peuvent fragiliser l’assise électorale du parti au nord du pays, région décisive pour toute aspiration présidentielle.
Le message adressé aux populations est donc double. D’une part, la direction veut montrer que le parti sait régler ses différends dans la discrétion républicaine, loin des réseaux sociaux. D’autre part, elle réaffirme que la stabilité locale constitue la meilleure garantie de la poursuite des programmes de modernisation portés au niveau national, notamment le Plan national de développement 2022-2026 défendu par le président Denis Sassou Nguesso. « La paix dans la Sangha, c’est la paix pour tout le Congo », a résumé le préfet Edouard Denis Okouya, rappelant que l’électeur attend avant tout la continuité des services publics et l’achèvement des chantiers d’infrastructures entamés.
Le futur rôle du commissaire politique
La nomination de Michel Mahinga comme nouveau commissaire politique pour la Sangha traduit la volonté du parti d’installer un arbitre permanent, capable de détecter les signaux faibles de tension. Sa feuille de route, préparée avec le Bureau politique, repose sur trois piliers : veille idéologique, médiation entre élus et bases, et remontée rapide des attentes citoyennes à Brazzaville.
L’intéressé, ancien haut fonctionnaire passé par la direction générale de l’administration territoriale, entend s’appuyer sur les comités de quartier pour rétablir un dialogue horizontal. « Je ne viens pas distribuer des cartons rouges, je viens réaffirmer le jeu collectif », a-t-il déclaré en aparté. Ce positionnement tranche avec certaines pratiques verticales du passé et illustre l’inflexion pragmatique d’un PCT qui cherche, sans renoncer à son identité, à moderniser son dispositif militant avant la grande échéance électorale.
Perspectives nationales pour le PCT
Alors que le pays aborde la seconde moitié du quinquennat, l’opinion internationale guette les signaux d’ouverture institutionnelle que pourrait envoyer le pouvoir congolais. La consolidation de la majorité dans la Sangha offre au parti présidentiel un laboratoire. Si l’expérience de réconciliation aboutit, elle servira d’argument diplomatique pour plaider la maturité démocratique du Congo-Brazzaville lors des forums sous-régionaux.
Sur le plan interne, les stratèges estiment que l’unité retrouvée libérera des ressources politiques pour accompagner la mise en œuvre des réformes budgétaires négociées avec les partenaires multilatéraux. Un cadre du ministère des Finances confie, sous anonymat, que « la stabilité dans la Sangha réduit le risque d’un surcoût sécuritaire et permet de concentrer les moyens sur les relais de croissance ». En renforçant sa base nordiste, le PCT entend aborder 2026 avec un pare-feu électoral tandis qu’il élargit son discours à la jeunesse urbaine et aux classes moyennes émergentes.
Un test grandeur nature avant le congrès
Le congrès ordinaire prévu avant la fin de l’année fera office de répétition générale. Les délégations de la Sangha devront y arriver unies, porteuses d’amendements consensuels, afin d’éviter que les anciennes fissures ne rejaillissent sur la scène nationale. Plusieurs observateurs notent que l’enjeu dépasse la seule reconduction des instances : il s’agit de calibrer un projet présidentiel adossé à une majorité solide et disciplinée.
Dans les couloirs de Mpila, un jeune cadre résume l’état d’esprit : « Notre force vient de notre capacité à laver notre linge en famille. Si nous y parvenons une fois de plus, la route de 2026 sera dégagée. » Sans triomphalisme mais avec confiance, la fédération PCT-Sangha espère ainsi transformer la page de la discorde en atout stratégique, offrant au candidat qu’elle soutiendra, sauf surprise, un socle électoral consolidé et un récit d’unité propice à séduire un électorat national en quête de stabilité.