Le calendrier électoral se précise
À deux ans du scrutin présidentiel, les principales forces politiques affûtent leurs stratégies, signe que la compétition s’installe dans le calendrier national. Le gouvernement, soucieux d’afficher transparence et stabilité, a confirmé le chronogramme électoral lors du dernier conseil des ministres.
Les services techniques du ministère de l’Administration du territoire annoncent déjà la publication prochaine de la liste électorale révisée. Selon un responsable joint à Brazzaville, « les opérations de fiabilisation biométrique avancent de façon satisfaisante », un message rassurant pour les partenaires internationaux.
Le PAR lance ses primaires
Dans ce contexte, le Parti pour l’Action de la République (PAR), formation d’opposition dirigée par Anguios Nganguia-Engambé, vient d’ouvrir l’enregistrement des candidatures en vue de sa primaire interne du 25 novembre 2025. L’initiative répond aux résolutions de son congrès extraordinaire de juin dernier.
La secrétaire générale, Jessica Prismelle Ognangué, a précisé que les dossiers sont attendus au secrétariat national, boulevard Denis-Sassou-Nguesso, avant le 5 novembre. Ce délai, jugé réaliste par la commission électorale interne, devrait favoriser la participation des sections diasporiques, très mobilisées depuis 2023.
Réactions institutionnelles mesurées
Au Palais du peuple, on salue une démarche « responsable » de l’opposition modérée. Un conseiller de la présidence souligne que « des primaires transparentes consolident la vitalité démocratique voulue par le chef de l’État », rappelant la réforme consensuelle du code électoral adoptée en 2024.
Côté majorité, la plateforme présidentielle s’abstient de commenter le casting du PAR mais rappelle son engagement à respecter le principe d’égalité d’accès aux médias publics, sous l’arbitrage du Conseil supérieur de la liberté de communication, institution renforcée par le dernier paquet législatif.
Le cadre légal sous la loupe
Depuis la loi électorale de 2024, tout parti doit présenter un dossier financier avant de tenir une primaire. Le PAR affirme avoir centralisé ses comptes, un signal que les observateurs interprètent comme un alignement sur les exigences de la Commission nationale électorale indépendante.
Les bailleurs, notamment la Banque africaine de développement, conditionnent désormais leurs appuis logistiques à la publication des audits. Le ministère des Finances assure que « les décaissements seront transparents et tracés », confortant la lecture prudente mais constructive des chancelleries occidentales.
Enjeux sécuritaires et diplomatiques
Sur le terrain, la force publique a intensifié les patrouilles préventives dans le Pool et la Likouala, zones jadis sensibles. Selon un rapport d’ONG locale, les incidents liés aux campagnes électorales ont chuté de 40 % entre 2021 et 2024, tendance jugée encourageante.
La sous-région suit également la séquence. La CEEAC a dépêché une mission exploratoire en septembre pour « échanger avec toutes les parties ». À Libreville, un diplomate évoque un climat « plus prévisible » que lors des scrutins de 2016, saluant les gestes d’ouverture de Brazzaville.
Perspectives économiques du débat
Les prochaines semaines verront fleurir les programmes économiques. Le gouvernement présente déjà son Plan national de développement 2025-2029, mettant l’accent sur la transformation du gaz et l’agriculture de rente. Cette feuille de route pourrait devenir le socle consensuel autour duquel se positionneront les candidats.
Au siège du PAR, des économistes proches du parti planchent sur un contre-projet centré sur les PME. Mais la tonalité reste constructive. « Nous nous inscrivons dans la continuité macroéconomique », confie un cadre, précisant que les indicateurs de croissance doivent être consolidés plutôt que contestés.
Un paysage politique en mutation douce
L’émergence d’outils numériques de mobilisation pourrait aussi changer la donne. La plateforme officielle I-Vote, mise en service après la présidentielle de 2021, compte déjà 1,4 million d’inscrits. Le ministère du Numérique promet une extension aux Congolais de l’étranger dès le premier trimestre 2025.
Pour les analystes, cette digitalisation favorise la transparence tout en dissolvant certaines crispations. Un politologue de l’université Marien-Ngouabi note que « les institutions, sans renoncer à leur autorité, acceptent mieux la critique structurée venue des réseaux », un point souvent relevé par les partenaires bilatéraux.
Cap sur novembre 2025
D’ici à la clôture des candidatures internes du PAR, les regards se tourneront vers les modalités de débat télévisé que la chaîne publique Télé-Congo compte diffuser en direct. Le CSA congolais finalise un format garantissant équité de temps de parole et contrôle éthique.
En filigrane, la question de la relève reste présente, mais aucun acteur ne semble vouloir troubler la stabilité qu’appellent les partenaires économiques. À dix-huit mois du scrutin, Brazzaville avance, pas à pas, sur une route électorale surveillée mais désormais balisée.
La place des jeunes électeurs
Selon les projections de l’Institut national de la statistique, près de 60 % du corps électoral aura moins de 35 ans en 2026. Le ministère de la Jeunesse prépare une campagne d’éducation civique dans les lycées, financée en partie par le Programme des Nations unies pour le développement.
Les mouvements associatifs soutenant le président Nguesso entendent capitaliser cet engouement générationnel via des forums participatifs. De leur côté, les équipes du PAR misent sur TikTok et les micro-influenceurs. La bataille des narratifs, bien que naissante, pourrait redéfinir la sociologie électorale congolaise.
Le Conseil national de la cybersécurité rappelle néanmoins que toute campagne numérique devra respecter la charte contre la désinformation adoptée en août 2024.