Ce qu’il faut savoir
À moins de trois ans de la présidentielle prévue en mars 2026, un débat précis anime le paysage congolais : faut-il suspendre l’accès à Internet durant les quarante-huit heures décisives du vote ?
L’idée, relancée par l’ancien régulateur Asie Dominique de Marseille et étudiée par divers juristes, se veut un garde-fou contre la désinformation en ligne sans entraver la liberté d’expression à long terme.
Deux jours hors ligne : l’idée en débat
Proposée initialement pour les législatives de 2022, la coupure de quarante-huit heures n’a jamais été appliquée, le gouvernement lui préférant une surveillance renforcée de la toile.
En la ramenant sur la table, Asie Dominique de Marseille explique vouloir « sécuriser la sérénité du scrutin » tout en évitant les rumeurs instantanées qui, selon lui, « dissuadent les électeurs les plus prudents ».
Objectif stabilité et intégrité du scrutin
Du côté de Brazzaville, certains cadres rappellent que la priorité demeure la stabilité nationale, surtout dans un contexte régional marqué par des contestations post-électorales.
Un conseiller au ministère de l’Intérieur affirme que « l’État étudie toutes les options, y compris l’interruption ciblée de services, mais aucune décision ne sera prise sans concertation avec les acteurs politiques et les opérateurs ».
Que dit le cadre légal congolais ?
Le Code des communications électroniques autorise déjà l’Autorité de régulation à suspendre, « en cas de menace grave à l’ordre public », certains canaux pour une durée limitée.
La Cour constitutionnelle a toutefois insisté, en 2015 puis en 2021, sur la nécessité de motifs précis et proportionnés, afin de ne pas porter atteinte aux droits fondamentaux reconnus par la Constitution.
Les leçons des scrutins précédents
Lors de la présidentielle 2021, une coupure dans la nuit du dépouillement avait suscité des critiques mais n’avait pas empêché la proclamation rapide des résultats provisoires par la Commission électorale.
Le taux de participation, officiellement estimé à 67 %, est resté supérieur à la moyenne sous-régionale, un argument avancé par les autorités pour montrer que la confiance citoyenne n’avait pas été entamée.
Voix de la société civile
Plusieurs ONG, dont l’Observatoire congolais des droits numériques, redoutent qu’une coupure totale pénalise la transparence et l’observation citoyenne des bureaux de vote ruraux difficilement accessibles.
Selon leur porte-parole, « l’alternative serait d’ouvrir un portail officiel en temps réel où les procès-verbaux scannés seraient immédiatement consultables ». Une proposition en cours d’examen par le Comité national de transition numérique.
Regards d’experts régionaux
Le politologue camerounais Jean-Pierre Essomba note que « plusieurs États d’Afrique centrale testent des formes de limitation numérique, mais le Congo-Brazzaville reste parmi ceux qui annoncent clairement leurs intentions, ce qui réduit les suspicions de manœuvres secrètes ».
Il rappelle aussi que la Côte d’Ivoire et le Nigeria ont privilégié la régulation des contenus plutôt que la coupure, prouvant qu’il existe un éventail de solutions qu’un dialogue inclusif pourrait adapter au contexte congolais.
Les jeunes et la diaspora face au défi numérique
Parmi les sept millions d’utilisateurs d’Internet du pays, les primo-votants et la diaspora parisienne comptent parmi les plus actifs sur les réseaux, partageant sondages, tutoriels et messages civiques.
Une suspension temporaire pourrait donc les pousser à se tourner vers des VPN payants, peu accessibles aux étudiants, créant un biais d’accès à l’information que le gouvernement dit vouloir éviter.
Perspectives technologiques
Le ministère des Postes et Télécommunications planche sur des réseaux de secours dédiés aux organes de presse accrédités, afin que la couverture nationale reste possible même en cas de restriction pour le grand public.
Un projet pilote de fibre optique satellitaire reliant Brazzaville à Pointe-Noire est en phase de test, avec l’appui d’un consortium sino-congolais, et pourrait garantir des canaux sécurisés pour la transmission des résultats officiels.
À retenir
La proposition de deux jours sans Internet n’est pas encore actée, mais elle illustre la volonté des autorités de protéger la paix civile tout en cherchant un équilibre avec la liberté numérique, enjeu majeur de 2026.
Que faire concrètement ?
Les électeurs sont invités à vérifier l’emplacement de leur bureau de vote dès maintenant, à télécharger les fiches d’orientation officielles et à sauvegarder hors-ligne toute documentation utile, pour éviter toute surprise en cas de ralentissement de réseau.
Les plateformes des partis continuent de fonctionner et annoncent qu’elles mettront à disposition des numéros verts et des SMS gratuits afin d’orienter les citoyens vers les informations électorales validées par la Commission.
FAQ présidentielle 2026
La date exacte du premier tour sera fixée par décret présidentiel en janvier 2026, conformément à l’article 64 de la Constitution qui impose un scrutin avant la fin du mandat en cours.
Le dépôt des candidatures ouvrira quarante-cinq jours avant le vote, tandis que la campagne officielle s’étendra sur quinze jours, avec un temps d’antenne proportionnel pour chaque prétendant, contrôlé par le Conseil supérieur de la liberté de communication.
Les résultats provisoires devront être publiés au plus tard cinq jours après le scrutin, puis validés par la Cour constitutionnelle qui tranchera tout contentieux éventuel dans un délai supplémentaire de quinze jours.


