Ce qu’il faut savoir
La présidentielle de mars 2026 approche, et la force publique congolaise affine son dispositif de sécurisation. À Brazzaville, le général de division Guy Blanchard Okoï a ouvert, le 15 décembre, la première conférence d’anticipation stratégique destinée à garantir un vote apaisé et totalement encadré.
Une planification graduelle jusqu’en février 2026
Durant deux jours, commandants de zones, contrôleurs opérationnels et officiers supérieurs ont planché sur une planification administrative et militaire centralisée. Objectif déclaré : mesurer les risques internes ou transfrontaliers, calibrer les besoins logistiques et fixer le calendrier du vote anticipé réservé aux agents des Forces armées congolaises.
Le général de brigade François Ossele, chargé de l’organisation, a rappelé qu’une session finale se tiendra entre fin janvier et début février 2026. Cette rencontre validera tous les plans élaborés et donnera le feu vert à la phase d’exécution juste avant l’ouverture officielle de la campagne électorale.
Le concept de sécurisation détaillé
Pour la première fois, un concept exhaustif de sécurisation sera formalisé dans une directive dédiée. Le document, présenté comme évolutif, définit les rôles exacts de chaque niveau de commandement, depuis les patrouilles de proximité jusqu’aux centres opérationnels chargés de centraliser les alertes et d’appuyer la Commission électorale.
Outre le déploiement classique autour des bureaux de vote, le plan retient un accent particulier sur la cybersécurité. Des équipes mixtes police-armée analyseront en temps réel les réseaux sociaux, afin de détecter les rumeurs susceptibles d’entraîner des troubles, tout en veillant au respect des libertés garanties par la Constitution.
Parallèlement, une cartographie des zones sensibles, enrichie des remontées des administrations locales, aidera à prioriser les effectifs. Les localités frontalières avec la RDC et l’enclave de Cabinda bénéficieront d’un renfort adapté, tandis que des médiateurs civilo-militaires accompagneront les campagnes d’éducation civique dans les quartiers populaires.
Les enjeux pour les électeurs
Pour les électeurs, la clarté du dispositif constitue un gage de confiance. Le ministère de l’Administration territoriale promet une communication régulière : horaires de patrouille, numéros verts, points focaux dans chaque arrondissement. La transparence sur les règles d’intervention vise à éviter les malentendus souvent sources de tensions lors des scrutins passés.
Le vote anticipé des militaires, prévu quelques jours avant le scrutin général, devrait également désamorcer les anciennes craintes de soupçon. Les bulletins seront centralisés sous contrôle d’huissiers, puis scellés jusqu’au comptage national. Ce mécanisme, déjà testé lors des législatives 2022, avait été salué par plusieurs observateurs régionaux.
À retenir
À retenir : les FAC agissent sous l’autorité du Conseil supérieur de défense, lui-même subordonné au pouvoir civil. Toutes les opérations de police seront menées de concert avec la gendarmerie et la police nationale, conformément au code électoral qui garantit la neutralité de la force publique pendant la période de campagne.
Que faire concrètement ?
Les citoyens sont invités à vérifier dès maintenant leur bureau de vote pour éviter l’affluence de dernière minute. En cas d’incident, il suffira de contacter la cellule de veille préfectorale. Les associations reconnues peuvent encore déposer des demandes d’accréditation pour l’observation domestique jusqu’au 31 janvier 2026 auprès du ministère compétent.
Les diasporas sont, elles aussi, concernées. L’ambassade à Paris annonce l’ouverture d’un portail en ligne permettant de choisir un créneau horaire pour voter le jour J. Cette innovation veut fluidifier l’accueil et réduire l’attente, conformément aux recommandations formulées par la plateforme citoyenne Rénovons le Vote en 2021.
FAQ sécurisation du scrutin
Qui donne l’ordre de déploiement ? Le décret présidentiel d’ouverture de la campagne fixe le cadre juridique, mais l’exécution matérielle revient au chef d’état-major, en liaison avec le ministre de l’Intérieur. Cette articulation hiérarchique permet de conjuguer expertise militaire et légitimité politique sans empiéter sur les prérogatives de la Commission électorale.
Qu’en est-il des observateurs étrangers ? Selon le ministère des Affaires étrangères, des invitations ont déjà été adressées à la Communauté économique des États de l’Afrique centrale et à l’Union africaine. Leur présence, prévue sur tout le territoire, vise à renforcer la crédibilité d’élections que les autorités souhaitent exemplaires.
Comment seront traitées les réclamations ? Un bureau conjoint justice-défense, accessible 24 heures sur 24, enregistrera les plaintes éventuelles d’abus. Les dossiers seront transmis au parquet militaire ou civil selon la nature des faits. L’objectif est d’offrir un mécanisme rapide, gratuit et impartial, gage d’équité pour chaque candidat.
La parole aux experts
Pour le politologue Armand Mavoungou, cette montée en puissance anticipée « montre que le pays a tiré les leçons de 2021 ». Il juge toutefois indispensable de sensibiliser davantage la jeunesse urbaine, très active sur les plateformes numériques, afin qu’elle participe à la prévention des fausses informations pendant la campagne.
De son côté, la sociologue Pierrette Makaya souligne que la collaboration civilo-militaire « ne peut réussir sans confiance mutuelle ». Pour elle, la diffusion d’infographies pédagogiques sur les réseaux nationaux s’avérera décisive. Les responsables du groupe d’anticipation stratégique promettent déjà de publier un tableau de bord hebdomadaire dès février.


