Clôture parlementaire: un signal institutionnel
Les deux chambres ont clos leurs sessions ordinaires le 13 août 2025, dernier jalon législatif avant l’entrée officielle en campagne. Devant députés et sénateurs, Isidore Mvouba et Pierre Ngolo ont dressé un bilan jugé «exigeant mais fécond» par plusieurs observateurs diplomatiques.
Ce débat d’orientation budgétaire, scruté par les chancelleries, a dégagé trois priorités macroéconomiques: soutenabilité de la dette, modernisation agricole et couverture sanitaire universelle. Ces axes formeront la matrice économique que chaque candidat devra intégrer à son programme.
En adoptant 27 des 32 textes inscrits, l’Assemblée a affiché un taux de rendement législatif supérieur à la moyenne régionale, tandis que le Sénat a validé 24 projets sur 27. Ce volume normatif assoit la stabilité réglementaire réclamée par les investisseurs.
Cap sur la présidentielle: calendrier et attentes
L’élection du premier trimestre 2026 s’annonce comme un test de maturité démocratique. Le ministère de l’Intérieur confirme avoir transmis aux partis un chronogramme provisoire, incluant révision des listes électorales, audit du fichier biométrique et renforcement logistique dans les circonscriptions enclavées.
Afin de crédibiliser le scrutin, Brazzaville a déjà sollicité une mission d’observation de l’Union africaine et annoncé un dialogue technique avec le Centre Carter. La diplomatie congolaise y voit une occasion d’anticiper les controverses post-électorales qui avaient crispé certaines échéances passées.
Cependant, le débat public reste animé par la question de l’équité médiatique. Le Conseil supérieur de la liberté de communication promet une répartition équilibrée du temps d’antenne, rappelant que « chaque voix compte dans l’agora républicaine », formule prononcée par son président Jacques Banang.
Discours de retenue: l’appel des présidents de chambre
En séance de clôture, Isidore Mvouba a exhorté les élus à bannir insultes et calomnies, leur préférant « la critique constructive ». Pour le président de l’Assemblée, la prochaine campagne devra « s’enraciner dans la dignité » afin de consolider l’unité nationale.
Pierre Ngolo, son homologue du Sénat, a renchéri en rappelant qu’être parlementaire, c’est « porter les aspirations de la nation dans le secret de son cœur ». Cette rhétorique, jugée habile par les analystes, veut repositionner le législatif comme arbitre moral du débat.
Plusieurs leaders d’opposition disent accueillir favorablement cet appel, tout en exigeant des garanties contre la désinformation numérique. Le gouvernement prépare une plateforme de vérification collaborative, inspirée du modèle rwandais, pour neutraliser les contenus viraux susceptibles d’enflammer la rue.
Résilience sociale et rôle de la première Dame
Les inondations de juin 2025 ont rappelé la vulnérabilité hydrologique du bassin du Congo. Le déplacement de milliers de sinistrés vers des sites plus sûrs s’est fait dans des délais salués par la Banque mondiale, grâce à une coordination interministérielle jugée exemplaire.
La Première Dame, Antoinette Sassou-Nguesso, a multiplié les visites humanitaires et mobilisé son réseau d’ONG pour fournir abris temporaires et kits sanitaires. Pour plusieurs politologues, cette visibilité contribue à ancrer un discours de solidarité qui pourrait peser dans la bataille narrative de 2026.
Sur le terrain, certaines familles interrogées à Ignié affirment que « l’État a réagi plus vite que par le passé ». Ces témoignages, relayés sur les radios communautaires, renforcent une perception gouvernementale d’efficacité que l’opposition aura peine à minorer pendant la campagne.
Gestion budgétaire: quelles marges pour l’exécutif?
Le débat d’orientation budgétaire a mis en lumière une dynamique de consolidation fiscale. Le ministre des Finances annonce un déficit contenu à 1,9 % du PIB pour 2026, sous réserve d’une croissance de 4,2 % soutenue par le redémarrage du gisement pétrolier de Moho Nord.
En parallèle, un plafond d’endettement interne a été fixé à 15 % des recettes, choix salué par le FMI. Selon l’économiste Hervé Gankama, cette rigueur devrait offrir à l’exécutif « la souplesse nécessaire pour financer des mesures sociales ciblées durant la période électorale ».
Mais les syndicats des enseignants réclament déjà une revalorisation salariale avant décembre. Le gouvernement se dit ouvert à « une négociation responsable ». Pour l’heure, la manne pétrolière attendue pourrait desserrer l’étau et permettre un compromis sans fragiliser les équilibres macroéconomiques.
Perspectives: consensus et défis sécuritaires
Dans la partie septentrionale, les ex-combattants du pool d’Owando poursuivent le DDR renforcé par la MONUSCO. La relative accalmie réduit la crainte d’un vote perturbé. Toutefois, des cellules dormantes de braconniers armés subsistent le long de la frontière centre-africaine, obligeant à une vigilance permanente.
Le commandement militaire assure qu’un dispositif conjoint avec la gendarmerie sera déployé dès janvier pour sécuriser bureaux de vote et axes routiers. Selon un télégramme diplomatique européen consulté par notre rédaction, cette stratégie est considérée « proportionnée et conforme aux standards internationaux ».
À douze mois de l’échéance, l’impression dominante reste celle d’un système institutionnel solide, capable d’orchestrer un scrutin compétitif tout en préservant la paix civile. Les regards étrangers se tourneront vers la capacité des élites à transformer ces intentions en gestes concrets.
Dans les milieux économiques, une élection pacifique est perçue comme le sésame pour libérer un portefeuille d’investissements dormants évalué à 800 millions de dollars, notamment dans les énergies renouvelables. La stabilité sécuritaire sera donc observée aussi bien par les marchés que par les chancelleries.