Ce qu’il faut savoir
À cinq mois de la présidentielle 2026, vingt activistes d’organisations congolaises se sont réunis à Pointe-Noire pour un atelier consacré à leur sécurité physique et numérique. L’initiative est portée par Ras-le-bol et l’Observatoire congolais des droits de l’homme.
Face aux menaces parfois réelles, parfois fantasmées, qui émergent lors des scrutins, la session a livré méthodes de protection, usage raisonné des réseaux sociaux et stratégies de plaidoyer compatibles avec la législation électorale, évitant ainsi toute confusion avec la propagande prohibée.
Sécurité civique et présidentielle 2026
Au Congo-Brazzaville, les périodes pré-électorales ont historiquement accentué la pression sur les acteurs associatifs. Le ministère de l’Intérieur rappelle toutefois que la Constitution garantit la liberté d’expression, tandis que les forces de sécurité affirment vouloir « protéger tous les citoyens, y compris les militants ».
Les organisateurs observent qu’un climat de suspicion numérique s’installe lorsque les campagnes s’intensifient. Verrouillages ponctuels d’Internet, mouchards sur les appareils et vols de données ont été recensés par plusieurs ONG, bien qu’aucune enquête judiciaire n’ait pour l’heure établi de responsabilité officielle.
Le gouvernement, conscient des enjeux, a récemment annoncé un projet de charte de cybersécurité électorale. Selon un conseiller du ministre des Postes, l’outil visera à « protéger les infrastructures critiques tout en respectant l’espace civique et la vie privée des utilisateurs ».
Des ONG à l’école de la prévention
Durant deux jours, Maître Bertrand Menier a alterné simulations d’agressions physiques et démonstrations de chiffrement de courriels. Les participants ont appris à évaluer un itinéraire de meeting, utiliser l’application Alerte-112 lancée par la police et chiffrer un disque dur externe.
La directrice exécutive de l’OCDH, Nina Kiyindou, a témoigné de la pression vécue après son rapport sur la traque des « Bébés noirs ». Elle note cependant que le dialogue avec la Direction générale de la sécurité présidentielle, facilité par le médiateur de la République, progresse.
Financée par Terre Solidaire, l’initiative s’inscrit dans la phase 2 du projet Palabre du citoyen. Elle comprend un suivi individuel des militants jusqu’au mois de février, afin qu’ils abordent le jour du vote avec des réflexes bien ancrés.
Le regard des autorités
Interrogé en marge de l’atelier, le préfet de Pointe-Noire s’est félicité de « la contribution d’une société civile responsable à la stabilité du processus électoral ». Il a rappelé que le gouvernement autorise ces formations, preuve d’une ouverture décrite comme « irréversible ».
Le ministère de la Communication indique que la future campagne nationale d’éducation citoyenne, en cours de finalisation, comportera un volet spécifique sur la sécurité en ligne. Des spots télévisés invitant chacun à protéger ses données doivent être diffusés dès janvier.
Pour la Commission nationale électorale indépendante, la responsabilité est partagée. « La protection des observateurs et des votants dépend autant des forces publiques que des bonnes pratiques individuelles », explique un commissaire, plaidant pour que ces guides soient relayés jusqu’aux quartiers périphériques.
À retenir
Les associations sortent de l’atelier avec une check-list de gestes simples : planifier ses déplacements, sauvegarder dans le cloud souverain, activer la double authentification et documenter toute intimidation afin de la signaler aux autorités compétentes.
Pour la présidentielle, ces bonnes pratiques s’ajoutent aux innovations de l’État, comme l’identification biométrique des électeurs et la vidéosurveillance placée devant les centres de compilation, deux dispositifs qui, selon le gouvernement, réduiront le risque de fraude et de tensions.
Que faire concrètement ?
Les organisateurs invitent toute OSC à télécharger le manuel de sécurité disponible sur la plateforme Palabre-Civique. Les inscriptions pour la prochaine cohorte, prévue à Dolisie mi-décembre, sont ouvertes. Priorité sera donnée aux associations mobilisées dans le suivi de la révision des listes électorales.
Les citoyens, eux, peuvent d’ores et déjà activer la fonction SOS de leurs téléphones ou composer le 117, numéro d’urgence dédié au scrutin. La police déclare disposer d’un centre de veille multimédia capable de localiser un incident en moins de cinq minutes.
FAQ sécurité électorale
Question : Une ONG peut-elle porter plainte en cas de cyberattaque durant la campagne ? Réponse : Oui. Le code pénal révisé en 2023 inclut un chapitre sur la cybersécurité. La plainte se dépose au parquet ou via la plateforme officielle e-plainte, accessible 24 h/24.
Question : Les observateurs internationaux auront-ils accès aux réseaux sociaux le jour du vote ? Réponse : Selon le ministère des Télécoms, aucune restriction générale n’est prévue. Des limitations ciblées pourraient toutefois être appliquées en cas de diffusion d’appels à la violence, sous contrôle juridictionnel.
Question : Que faire si l’on est filmé sans consentement durant un meeting ? Réponse : La loi sur la protection des données prévoit un droit d’opposition. Il suffit d’adresser un recours à la Commission nationale de protection des données, qui statue dans un délai de dix jours.
Vers une culture de la vigilance
En associant organisations, autorités locales et partenaires étrangers, l’atelier de Pointe-Noire illustre une tendance nouvelle : la sécurité électorale n’est plus seulement affaire d’État, mais de co-production citoyenne. Un signal encourageant à l’orée de la compétition présidentielle de 2026.


