Ce qu’il faut savoir
À moins de trois ans de la présidentielle 2026, la vie interne des partis prend une importance stratégique. L’intronisation de Jeremy Lissouba au secrétariat général de l’Upads, décidée le 22 novembre à Brazzaville, figure parmi les signaux à suivre de près.
Cette décision adoptée lors du deuxième congrès ordinaire consacre une transition générationnelle, tout en confirmant la ligne de continuité prônée par Pascal Tsaty Mabiala, reconduit pour cinq ans à la présidence du Conseil national de ce parti d’opposition.
Jeunesse propulsée à la tête de l’Upads
À 37 ans, Jeremy Lissouba incarne un nouveau visage qui parle aux primo-votants. Son profil, formé à l’international puis engagé sur le terrain local, répond à la volonté affichée d’impliquer davantage la génération numérique dans le débat programmatique avant 2026, scrutin crucial.
Le vote des jeunes représentait déjà un quart de l’électorat en 2021, selon les chiffres officiels du ministère de l’Intérieur. Les analystes estiment que ce pourcentage pourrait dépasser 30 % après la révision des listes prévue en 2025.
L’Upads espère capitaliser sur cette poussée démographique en modernisant sa communication et en structurant des antennes universitaires. « Nous devons parler code, entrepreneuriat et climat », a glissé le nouveau secrétaire général à la tribune, sous les applaudissements d’une salle comble dense.
Un signal d’ouverture salué par les institutions
Plusieurs responsables de partis majoritaires ont assisté à la cérémonie d’ouverture, saluant « un choix responsable ». Pour la Commission électorale indépendante, cette alternance interne démontre la vitalité pluraliste encouragée par les réformes institutionnelles lancées sous le président Denis Sassou Nguesso.
D’aucuns rappellent que la charte des partis, révisée en 2023, incite désormais chaque formation à intégrer 30 % de cadres de moins de quarante ans au sein des directions nationales. L’Upads devient la première grande organisation à dépasser formellement ce seuil.
Le parti face au calendrier électoral 2026
Selon le calendrier de principe publié par le ministère de l’Administration du territoire, la présidentielle devrait se tenir entre mars et avril 2026. Les dépôts de candidatures sont attendus pour la mi-janvier, après l’actualisation complète du fichier électoral national sécurisé.
La direction de l’Upads a indiqué qu’elle définirait son candidat avant fin août 2025, à l’issue d’une primaire interne ouverte aux membres à jour de cotisation. La procédure sera surveillée par le comité d’éthique du parti et des observateurs indépendants.
En parallèle, la majorité présidentielle prépare ses propres échéances. Les conseillers proches du chef de l’État assurent que le programme 2021-2026, axé sur l’économie verte et la digitalisation, sera actualisé pour séduire les jeunes urbains très convoités également par l’Upads.
Discipline renforcée et crédibilité interne
Lors du congrès, Pascal Tsaty Mabiala a averti que les sanctions disciplinaires tomberaient « sans délai » contre toute tentative de déstabilisation. La radiation immédiate est prévue pour les cas de haute trahison, signe d’un tournant vers une gouvernance interne plus rigoureuse et exemplaire.
Cette fermeté est perçue par certains analystes comme un préalable à toute alliance sérieuse avec d’autres forces. « La crédibilité commence à la maison », glisse un politologue de l’université Marien-Ngouabi, convaincu que la cohésion pèsera dans la négociation d’éventuels fronts.
Représentativité et inclusion, enjeux clés
En promettant d’associer « toutes les générations actives », le président du Conseil national cherche aussi à refléter les équilibres géographiques du pays. L’Upads prévoirait une vice-présidence réservée aux femmes du Pool, selon un projet encore confidentiel à valider d’ici le congrès.
Du côté gouvernemental, on rappelle que la loi sur la parité adoptée en 2022 fixe déjà un minimum de 30 % de femmes sur les listes électorales. La dynamique Upads pourrait donc accélérer l’alignement de l’ensemble de la classe politique.
Que faire concrètement pour les électeurs ?
Les électeurs intéressés par la primaire Upads devront vérifier leur inscription communale avant le 31 mars 2025, date butoir communiquée par le parti. Le formulaire d’adhésion simplifié sera disponible en ligne, puis validé en section locale contre présentation d’une pièce d’identité officielle.
Pour les Congolais de la diaspora, le ministère des Affaires étrangères précise que les missions diplomatiques commenceront l’enrôlement biométrique au second semestre 2024. Les modalités exactes seront annoncées après validation technique avec l’Agence nationale d’identification des personnes, afin d’éviter tout doublon.
À retenir pour la présidentielle
Avec un secrétariat général rajeuni, une discipline consolidée et une stratégie électorale calée sur les jeunes, l’Upads ambitionne de peser dans le débat 2026. Le parti doit encore choisir son candidat et convaincre au-delà de son socle historique sud-congolais traditionnel.
FAQ express
Qui est Jeremy Lissouba ? Ingénieur en télécommunications, il a été député de Dolisie et président de la commission numérique à l’Assemblée. Son nom rappelle bien sûr celui de l’ancien chef de l’État Pascal Lissouba, dont il est le petit-fils du premier coup.
Quel impact sur le scrutin ? À court terme, la nomination soude la base militante. À moyen terme, elle pourrait obliger d’autres formations à installer elles aussi des jeunes aux postes clés, confortant la ligne de modernisation voulue par les autorités.


