Ce qu’il faut savoir
Le Comité central du Parti congolais du travail s’est réuni les 9 et 10 novembre à Brazzaville pour passer au crible le rapport du comité préparatoire chargé du sixième congrès ordinaire. Ce rendez-vous fixera la ligne d’attaque du parti en vue de la présidentielle de 2026.
Sous la houlette du secrétaire général Pierre Moussa, la session extraordinaire a validé le principe d’une analyse « rigoureuse et lucide » des propositions stratégiques. L’objectif avoué reste de transformer le congrès en tremplin vers une victoire électorale claire, selon ses propres termes.
Un congrès charnière pour 2026
Le PCT, formation majoritaire au Parlement, sait qu’une présidentielle se gagne longtemps avant l’ouverture officielle de la campagne. Tracer la doctrine économique, sociale et écologique dès 2024 lui offre le temps de « labourer le terrain », confie un cadre rencontré à la pause.
La direction met également l’accent sur la discipline interne. Chaque section départementale devra décliner les orientations du congrès en plans d’action locaux, afin que le message présidentiel sur la stabilité et le développement durable soit relayé, du Kouilou à la Sangha, sans distorsion.
Les sept chantiers étudiés par le comité
La matrice stratégique soumise au Comité central comporte sept volets. Politique sociale, culturelle, environnementale, doctrine économique et financement partisan, communication, réformes institutionnelles, unions catégorielles : chacune de ces briques devra être modernisée sans renier l’héritage identitaire du parti fondé en 1969.
Selon une note interne, la partie environnementale mettra en avant la protection des forêts du bassin du Congo, argument que le président Denis Sassou Nguesso défend régulièrement dans les forums climatiques. La cohérence entre parole gouvernementale et programme partisan est jugée primordiale.
Côté financement, les experts du parti planchent sur un mixte cotisations-crowdfunding afin d’impliquer davantage les diasporas et les primo-votants urbains. Cette innovation, présentée comme un gage de transparence, doit encore passer l’épreuve du vote interne lors du congrès.
Le calendrier interne en phase avec la réforme électorale
Le ministère de l’Administration du territoire a annoncé une révision des listes électorales pour 2025. Le PCT veut que ses commissions locales soient opérationnelles avant septembre, de façon à appuyer l’enrôlement massif des sympathisants et sécuriser chaque signature de parrainage exigée par la loi.
Cette synchronisation est saluée par plusieurs observateurs. « Quand le parti majoritaire respecte le tempo institutionnel, cela fluidifie le processus pour tous », estime le politologue Arsène Ibata. L’opposition réclame la même transparence budgétaire, mais reconnaît que le calendrier proposé offre de la visibilité.
À retenir
Premier point, le Comité central valide le contenu stratégique global, tout en gardant un droit d’amendement jusqu’à l’ouverture du congrès. Deuxième point, le parti affiche sa volonté d’aligner ses priorités sur celles du gouvernement, notamment sécurité, relance économique et réponses sociales.
Enfin, la session extraordinaire consacre l’unité autour du président Denis Sassou Nguesso. Aucune voix discordante n’a émergé, ce qui laisse penser qu’une candidature d’union pourrait être entérinée sans suspense, conforme à la tradition d’« homme de consensus » évoquée par les cadres.
Que faire concrètement ?
Pour les électeurs, la séquence actuelle est propice à s’informer. Vérifier sa présence sur les listes, suivre les consultations publiques du PCT, questionner les délégués de quartier : ces gestes simples évitent les mauvaises surprises le jour du scrutin, rappelle la Commission nationale électorale indépendante.
Les jeunes primo-votants sont aussi encouragés à profiter des sessions de formation civique organisées dans les lycées et universités. Selon le ministère de la Jeunesse, ces ateliers permettront de familiariser près de cent mille nouveaux citoyens avec la procédure de vote électronique testée en 2023.
FAQ express
Le congrès du PCT peut-il changer la date de la présidentielle ? Non : le calendrier relève de la Constitution, toutefois les résolutions du congrès influenceront la désignation du candidat et la manière de mener campagne dans le cadre légal.
Combien de délégués participeront ? Les organisateurs évoquent environ deux mille mandataires, issus pour moitié des fédérations urbaines, pour moitié des zones rurales, afin d’assurer un équilibre démographique. La liste définitive sera publiée quinze jours avant l’ouverture du congrès.
Le parti prévoit-il une primaire ? À ce stade, la direction privilégie la méthode du consensus, considérant qu’elle préserve la cohésion interne et réduit les coûts. Toutefois, un système de sondages internes pourrait servir de baromètre avant la validation finale.
Perspectives économiques et sociales
Dans le volet économique, le PCT mise sur la diversification hors pétrole, avec un accent sur l’agro-industrie. Le document préparatoire évoque la création de vingt zones de transformation agricole, initiative alignée sur le Plan national de développement 2022-2026 du gouvernement.
Sur le terrain social, une extension du projet gratuité maternité-nourrisson figure parmi les résolutions. « Nous voulons que chaque militante puisse démontrer concrètement l’impact des politiques publiques dans sa communauté », insiste la députée Édith Damayop, membre du comité préparatoire.
Les analystes y voient un indicateur de la stratégie de proximité du parti présidentiel, soucieux de conjuguer stabilité macroéconomique et bénéfices palpables pour les ménages. Cet équilibre est régulièrement salué par les partenaires internationaux, dont la Banque africaine de développement.


