Ce qu’il faut savoir
À trente mois du scrutin présidentiel, la mobilisation citoyenne monte d’un cran. Dernière illustration : la lettre ouverte rendue publique par l’Association des Femmes Dévouées, qui appelle Denis Sassou Nguesso à confirmer sa candidature tout en liant ce soutien à de nouveaux progrès en matière d’égalité.
Le message des militantes intervient alors que plusieurs partis de la majorité, des collectifs de sages et des organisations de la société civile multiplient déjà les appels similaires. L’AFD, forte d’un réseau actif dans douze départements, affirme vouloir peser sur l’agenda politique en plaçant la parité au premier plan.
Revendications des Femmes Dévouées
Signée par sa présidente Aimée Clarisse Abambila, la missive souligne que le président sortant a, depuis 1984, enclenché d’importantes réformes juridiques en faveur des femmes. Elle demande toutefois une promesse précise pour « finaliser l’œuvre » : appliquer strictement l’article 17 de la Constitution qui consacre l’égalité femmes-hommes.
Les militantes réclament aussi que l’article 67 révisé du code électoral, imposant 30 % de candidatures féminines et un ordre alterné sur les listes, devienne contraignant pour l’ensemble des scrutins à venir, y compris la présidentielle de 2026 où la vice-présidence potentielle attire déjà les convoitises.
Un bilan genre salué par la société civile
Le Congo-Brazzaville s’est doté d’un Code de la famille progressiste dès 1984, posant les bases du principe d’égalité. Sous l’impulsion présidentielle, ce texte a été renforcé par la ratification de conventions internationales et par l’inscription explicite du droit des femmes dans la Constitution de 2015.
Des progrès se mesurent dans la représentation : 25,44 % d’élues dans les conseils locaux, 30,55 % de sénatrices et 16,55 % de députées. Le gouvernement actuel compte huit femmes sur trente-huit ministres, soit 21,05 %, un record national, salué par l’ONU-Femmes comme « un pas substantiel ».
Côté protection, la loi Mouebara de 2022 combat les violences faites aux femmes et a conduit à la création d’un centre d’accueil spécialisé. Un programme national de lutte contre ces violences, doté d’une ligne budgétaire propre, suit déjà plus de 600 dossiers judiciaires, selon le ministère de la Justice.
La Politique nationale Genre de 2016, les programmes de leadership féminin et la promotion de la résolution 1325 « Femmes, paix et sécurité » complètent ce dispositif. Pour l’AFD, ces acquis constituent « un socle solide sur lequel bâtir l’après-2026 », tout en appelant à leur pleine effectivité sur le terrain.
Ce que dit le droit électoral 2026
Le calendrier officiel fixe l’ouverture de la révision des listes à janvier 2025. La nouvelle Commission électorale locale insiste sur la délivrance gratuite des cartes d’électeurs, mesure jugée cruciale pour les zones rurales où les femmes sont souvent sous-inscrites.
Les textes en vigueur n’exigent pas encore de seuil minimal de candidatures féminines pour la magistrature suprême. Toutefois, plusieurs juristes estiment qu’une interprétation dynamique de l’article 17 pourrait encourager les partis à proposer des binômes ou des directeurs de campagne féminins, répondant ainsi au souhait de l’AFD.
Pour les observateurs, la prochaine révision de la loi électorale – annoncée pour la session parlementaire d’octobre – pourrait intégrer ces suggestions. Le ministre de l’Intérieur a laissé entendre que « la parité est désormais un indicateur de crédibilité démocratique », sans détailler le contenu des amendements à venir.
À retenir
La lettre de l’AFD inscrit officiellement la cause féminine dans la dynamique pré-électorale. Elle rappelle que le président Sassou Nguesso dispose d’un bilan tangible sur la parité, mais place la barre plus haut : rendre obligatoires les quotas et accélérer les textes d’application pour que l’égalité passe du droit aux faits.
Que faire concrètement ?
L’AFD annonce une tournée de sensibilisation dans les chefs-lieux départementaux dès le mois prochain. Objectif : encourager les femmes à s’inscrire massivement sur les listes, former des observatrices de bureau de vote et recueillir des propositions pour nourrir un mémorandum qui sera remis aux autorités avant fin 2024.
FAQ
Q : Le président est-il déjà candidat ? R : Officiellement non. Le chef de l’État réserve sa réponse, mais ses partisans comme l’AFD entendent créer un climat favorable à une annonce attendue courant 2025.
Q : Les quotas actuels s’appliquent-ils à la présidentielle ? R : Non. La loi fixe un minimum de femmes sur les listes proportionnelles locales. L’enjeu est désormais d’étendre ce principe aux fonctions exécutives, une piste que le Parlement pourrait examiner.
Q : Comment la diaspora féminine peut-elle participer ? R : Les représentations diplomatiques procèdent à la révision des listes dès avril 2025. L’AFD, en lien avec les consulats, prépare des webinaires pour informer les Congolaises de l’étranger sur les démarches d’inscription et le vote anticipé par procuration.


