Appel à la redynamisation du Conseil handicap
Le message porté récemment par Jean Castard Nzaou Pambou, figure respectée du mouvement associatif, rappelle qu’à moins de deux ans du scrutin présidentiel de 2026, la question du handicap reste au cœur de la maturation démocratique congolaise et mérite une attention politique renouvelée.
L’ingénieur, président de l’Union des informaticiens handicapés du Congo et membre sortant du Conseil consultatif des personnes vivant avec handicap, plaide pour que cette institution constitutionnelle, voulue par le chef de l’État lors de la révision de 2015, retrouve sa pleine capacité d’initiative avant l’ouverture officielle de la campagne.
Défi de l’inclusion dans la campagne de 2026
Depuis 2016, plusieurs mesures en faveur de l’accessibilité ont été adoptées, du braille sur certains documents officiels aux rampes dans les administrations. Toutefois, la faiblesse des relais institutionnels freine leur généralisation, raison pour laquelle la relance du Conseil est perçue comme une urgence stratégique par les associations.
Pour la majorité présidentielle, il s’agit moins de proclamer de nouveaux droits que de consolider ceux déjà contenus dans la Constitution, notamment l’article 37 qui garantit l’égalité d’accès aux services publics. Le ministère des Affaires sociales travaille ainsi, selon nos informations, à un plan budgétaire pluriannuel.
Ce futur document, auquel seront associés les conseillers handicapés, doit fixer les priorités logistiques des bureaux de vote, la prise en charge du transport adapté et la formation des agents électoraux. Une mesure symbolique consisterait à traduire en langue des signes les allocutions électorales télévisées du candidat sortant.
Le parti au pouvoir estime qu’une meilleure visibilité des électeurs en situation de handicap dans les médias renforcerait la perception d’un processus ouvert, alors que l’opposition aborde plutôt la question à travers le prisme budgétaire. Sur ce terrain, les finances publiques éprouvées laissent peu de marges, tempèrent les experts.
Diplomatie des visas et perception internationale
Autre dossier évoqué par Jean Castard Nzaou Pambou, la suspension partielle des visas américains annoncée en juin 2023 continue d’interpeller. Si Brazzaville a parlé d’un « malentendu », l’exemple souligne combien l’image extérieure du pays pèsera durant la séquence préélectorale et sa capacité à attirer des observateurs.
Le ministère des Affaires étrangères confirme, sous couvert d’anonymat, que des échanges techniques avec Washington progressent et qu’une issue « satisfaisante pour les deux parties » pourrait intervenir avant la fin de l’année. Un rétablissement enverrait un signal positif à la diaspora, appelée à contribuer au débat financier.
Mobilisation électorale des citoyens handicapés
Selon le recensement sanitaire de 2022, près de 7 % de la population vit avec une forme de handicap. Leur participation électorale n’avait atteint que 37 % en 2021, faute notamment d’informations adaptées. Les ONG réclament donc une campagne d’éducation civique ciblée, financée par le Fonds d’appui à la démocratie.
Le gouvernement, conscient du risque d’abstention, envisage d’associer les radios communautaires aux brigades mobiles de la Commission nationale électorale indépendante. L’idée est de diffuser, en langues nationales, des spots décrivant les étapes du vote et rappelant que les aides humaines sont autorisées dans l’isoloir pour les électeurs déficients visuels.
Dans les départements du Niari et de la Likouala, des tests grandeur nature de bureaux accessibles seront menés dès janvier, selon une circulaire obtenue par nos soins. Le calendrier se veut pragmatique et permettra, promet-on, d’ajuster la logistique sans retarder la publication du décret convoquant le corps électoral.
Pour Jean Castard Nzaou Pambou, la mobilisation passe aussi par la technologie. L’U.i.h.c développe une application mobile capable d’indiquer l’emplacement des bureaux de vote accessibles et de signaler les obstacles en temps réel. Un partenariat public-privé est évoqué pour absorber les coûts d’hébergement et garantir la neutralité des données.
Quel espace pour le handicap dans les programmes ?
Les premières esquisses programmatiques circulent déjà. Dans le camp présidentiel, les conseillers évoquent la création d’un commissariat général au handicap, structure transversale chargée de la coordination interministérielle. L’opposition, elle, propose l’adoption d’un quota parlementaire réservé, jugeant qu’une représentation accrue reste le moyen le plus rapide d’influencer la loi.
Au-delà des annonces, les bailleurs multilatéraux insistent sur la cohérence. La Banque mondiale conditionnerait une future ligne de crédit santé à l’intégration d’indicateurs sur le handicap. Une contrainte assumée par le ministère des Finances, qui voit là une opportunité d’ancrer la question dans le cadre macroéconomique post-Covid.
Les organisations de la société civile réclament, quant à elles, un suivi indépendant des engagements. Des juristes suggèrent de confier cette mission au Conseil consultatif, renforcé par un secrétariat technique. Une telle option satisferait l’exigence de redevabilité sans bouleverser l’architecture institutionnelle voulue par la Constitution de 2015.
À vingt-quatre mois du vote, l’ensemble des acteurs convergent sur un point: l’inclusion crédible des citoyens handicapés constituera un indicateur majeur de la qualité démocratique du scrutin. Pour le pouvoir, réussir ce chantier offrirait un avantage politique certain, tout en renforçant la légitimité internationale du processus électoral.