Un roman-manifeste au cœur du débat électoral
On 23 August, the auditorium of the Centre culturel Jean-Baptiste Tati-Loutard vibrated to the presentation of « L’Appel au devoir patriotique », the thirteenth work of Yvon Wilfride Lewa-Let Mandah, figure of the scène littéraire congolaise et désormais prétendant déclaré à la magistrature suprême de 2026.
Hybrid between autobiographie, fresque historique et fiction, le roman condense trois décennies de réflexions sur la gouvernance ; il entend offrir, selon son auteur, « une boussole morale » aux électeurs appelés à renouveler leur confiance institutionnelle dans moins de deux ans.
Un message accueilli par un public en quête de repères
Devant une salle remplie d’étudiants, d’ecclésiastiques et de cadres pétroliers, Lewa-Let Mandah a martelé que « la littérature ne sert à rien si elle n’engage pas ». Cette résonance civique a trouvé un écho favorable auprès d’une jeunesse soucieuse de participer à l’échéance présidentielle.
Plusieurs observateurs, dont le politologue Armel Mananga, estiment que la démarche illustre « l’ouverture d’un espace démocratique consolidé depuis 2002 », permettant à des personnalités hors des appareils traditionnels de s’exprimer avant même l’ouverture officielle de la campagne.
Une candidature qui teste la maturité démocratique
L’intention de candidature de l’écrivain intervient alors que la Commission électorale indépendante affine déjà le calendrier prévisionnel, fruit d’un dialogue institutionnel salué par l’Union africaine pour sa transparence et son anticipation méthodique.
Pour les proches du Palais du Peuple, l’émergence de voix alternatives valide la stratégie présidentielle consistant à « laisser la conscience citoyenne s’exprimer », tout en rappelant que la stabilité recueillie ces dernières années reste un atout à préserver durant la compétition.
Le positionnement idéologique face au programme national
Sous le concept de Namentitude, Lewa-Let Mandah défend l’idéal du bien-être partagé ; une proposition qui se dit complémentaire au Plan national de développement 2022-2026, pilier du gouvernement pour diversifier l’économie et renforcer l’inclusion sociale.
Le camp présidentiel observe avec intérêt ces convergences thématiques, y voyant la preuve que le débat électoral se structure principalement autour de la continuité des réformes et non d’une rupture abrasive, gage d’une transition démocratique apaisée.
Les défis logistiques d’une campagne post-Covid
L’auteur-candidat devra toutefois composer avec un territoire de 342 000 km² où la connectivité numérique demeure inégale. L’organisation d’une tournée rurale, essentielle à toute ambition nationale, exigera un appui technique et financier considérable.
Les autorités sanitaires, fortes de leur expérience de riposte contre la pandémie, préparent déjà un protocole électoral combinant vaccination de rappel et distribution de kits d’hygiène aux meetings, un dispositif salué par les partenaires internationaux en matière de résilience pandémique.
L’équilibre entre foi, culture et politique
Dans ses interventions, Lewa-Let Mandah convoque la figure de Léopold Sédar Senghor pour légitimer le lien entre création artistique et gestion étatique. Cette référence symbolique enchante une partie de l’élite intellectuelle, sans pour autant inquiéter les grandes formations politiques.
Son engagement pastoral soulève néanmoins la question de la laïcité, balisée par la constitution de 2015. Juristes et clercs s’accordent à reconnaître que le cadre légal congolais autorise le libre exercice religieux, à condition qu’il ne supplante pas la souveraineté de l’État.
Impact potentiel sur les équilibres régionaux
La présence d’un candidat issu de la façade atlantique pourrait redessiner les cartes d’un scrutin longtemps dominé par les fiefs du Pool et de la Cuvette. Les observateurs attendent de voir si les notables côtiers se rallieront à ce profil transversal.
Les chancelleries régionales, notamment à Libreville et Kinshasa, surveillent cette dynamique, conscientes que la stabilité politique congolaise demeure un maillon essentiel de la Coopération tripartite sur la sécurité du golfe de Guinée.
La réponse mesurée du parti au pouvoir
Du côté du Parti congolais du travail, la réaction est restée courtoise. « La pluralité est le meilleur gage de légitimité », a déclaré un cadre, rappelant que le chef de l’État a toujours encouragé l’émergence de propositions neuves dès lors qu’elles s’inscrivent dans la Constitution.
Le parti majoritaire note cependant qu’écrire un roman diffère de gouverner un pays, suggérant subtilement que l’expérience administrative accumulée par l’exécutif depuis deux décennies reste un avantage comparatif qu’aucun plaidoyer littéraire ne saurait occulter.
Vers une compétition pluraliste apaisée
À dix-huit mois de l’élection, l’irruption d’un écrivain-pasteur dans l’arène renforce l’idée d’une présidentielle plurielle encadrée par des institutions consolidées. Le climat demeure à ce stade serein, aucun indicateur sécuritaire ne signalant de tension notable.
Reste désormais à savoir si « L’Appel au devoir patriotique », bien accueilli par les cercles littéraires, trouvera un prolongement électoral. L’intéressé promet de révéler en décembre son équipe de campagne, respectant ainsi les délais légaux fixés par le ministère de l’Intérieur.
Pour certains analystes, la multiplication de candidatures thématiques pourrait inciter les partis traditionnels à préciser leurs orientations sectorielles, qu’il s’agisse de la transition énergétique, de la réforme foncière ou de la digitalisation, sujets que le président Sassou Nguesso a déjà placés au centre de son agenda.
À l’aube de 2026, le paysage se dessine donc sous le signe d’une compétition exigeante mais constructive, confirmant la trajectoire de modernisation politique engagée depuis la proclamation de la nouvelle Constitution et encouragée par les partenaires bilatéraux.