Une nomination stratégique avant 2026
Au cœur d’Owando, la nomination officielle de Rigobert Maboundou comme commissaire politique du Parti congolais du travail (PCT) dans la Cuvette n’a rien d’anodin. Elle installe une dynamique nouvelle à l’approche de l’élection présidentielle de 2026 qui focalise déjà l’attention nationale.
Pierre Moussa, secrétaire général du PCT, a rappelé devant cadres et militants que la Cuvette demeure un bastion stratégique. Son mot d’ordre est clair : revitaliser les structures locales afin de porter, en mars 2026, la candidature que le parti investira officiellement.
Trois piliers pour une base militante renforcée
En présence de Jean Marie Bopoumbou, président fédéral, le nouveau commissaire a décliné trois axes : assistance, formation, mobilisation. Ces priorités, inscrites dans la doctrine des commissariats politiques, visent à transformer chaque section de village en relais efficace pour la campagne nationale.
Rigobert Maboundou insiste toutefois : son action ne se substituera ni aux élus ni aux forces vives. « Je viens pour écouter, fédérer et anticiper », a-t-il confié aux délégués, soulignant que la cohésion locale reste l’ADN de toute victoire électorale durable.
Le calendrier interne, déjà fixé, suit un tempo millimétré : congrès fédéral en novembre 2025, congrès national en décembre 2025, puis scrutin présidentiel au premier trimestre 2026. Chaque étape servira de répétition générale, selon la direction du parti, pour tester messages et équipes.
La Cuvette, baromètre rural et social
Sur le terrain, la Cuvette représente un laboratoire politique. Forte de son poids démographique et de son capital symbolique, la région sert souvent d’indicateur précoce pour le vote rural. Doter cette circonscription d’un commissaire expérimenté permet ainsi de consolider l’avance structurelle du PCT.
Les observateurs notent que la compétition de 2026 devrait être plus ouverte que celle de 2021, marquée par un contexte sanitaire inédit. Cette fois, l’accent portera sur la relance économique post-Covid-19 et la diversification, thèmes privilégiés dans les ateliers fédéraux d’Owando.
L’assistance évoquée par Maboundou recouvre un volet social. Des cellules spécialisées devront suivre l’efficacité des programmes gouvernementaux, du Fonds national de développement rural aux bourses étudiantes. La direction veut ainsi lier la promotion des politiques publiques au storytelling de la campagne présidentielle.
Professionnalisation et technologies électorales
La formation, second pilier, concerne la professionnalisation militante. Des modules sur la communication numérique, la collecte de données et la lutte contre la désinformation seront déployés. À terme, chaque section ambitionne de disposer d’un community manager apte à défendre en ligne le bilan du gouvernement.
Quant à la mobilisation, le parti veut moderniser son approche. Des caravanes sanitaires associées à des meetings, l’utilisation d’applications de porte-à-porte et la cartographie électorale interactive figurent déjà dans la feuille de route transmise au commissaire, selon un cadre présent à la session fédérale.
Stabilité politique et attentes locales
Au-delà des aspects partisans, Pierre Moussa a insisté sur la nécessité d’anticiper la bataille idéologique. « Il nous faut démontrer la capacité du chef de l’État à maintenir la stabilité et à accélérer les réformes », a-t-il dit, invitant à éviter tout triomphalisme prématuré.
Dans la Cuvette, les attentes sont nombreuses : routes secondaires, accès à l’eau, emplois pour les jeunes diplômés. Le commissaire politique promet des rapports trimestriels à Brazzaville pour faire remonter les urgences, gage, selon lui, d’un argumentaire électoral adossé à des résultats tangibles.
Défis sécuritaires et économiques
Les experts interrogés estiment que cette démarche ascendante répond aux recommandations récentes de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale, encourageant une gouvernance plus participative. Elle pourrait aussi neutraliser les critiques récurrentes sur l’éloignement supposé entre décideurs nationaux et réalités villageoises.
Sur le plan sécuritaire, aucune alerte majeure n’a été signalée dans le département. Toutefois, le commissaire prévoit un dispositif de veille citoyenne pour prévenir toute tentative de perturbation du processus électoral, s’inspirant des comités de vigilance qui avaient bien fonctionné en 2016.
Les économistes locaux rappellent que la Cuvette abrite d’importants gisements agricoles et forestiers. Le programme du PCT entend valoriser ces ressources par des partenariats public-privé et un accès facilité au crédit rural, autre promesse que Maboundou entend défendre lors des futures tournées cantonales.
Cap sur la consolidation nationale
Plus largement, la direction nationale mise sur une campagne axée sur la continuité et la consolidation des avancées obtenues depuis 2021. Elle évoque la modernisation des infrastructures énergétiques, l’aménagement du corridor routier Pointe-Noire-Ouesso et la montée progressive des capacités nationales de transformation.
Un parti déjà en ordre de bataille
Pour l’heure, l’installation de Rigobert Maboundou semble avoir resserré les rangs. Les applaudissements nourris ayant ponctué la session d’Owando traduisent un optimisme mesuré : celui d’un parti convaincu que l’organisation minutieuse au niveau local constitue le meilleur gage d’une victoire sereine en 2026.
La route reste longue jusqu’au dépôt des candidatures, mais le message envoyé depuis la Cuvette est limpide : la machine du PCT tourne déjà à plein régime. Dans l’esprit des cadres, la présidentielle de 2026 ne sera pas seulement une échéance, mais l’occasion de réaffirmer une vision.