La scène pré-électorale s’anime déjà
À moins de deux ans de la présidentielle de mars 2026, Brazzaville voit s’élever de nouvelles voix. Après les premiers appels à l’unité nationale lancés par les autorités, l’annonce d’Alexis Bongo, journaliste et entrepreneur médiatique, vient enrichir le paysage.
Cette candidature s’inscrit dans un contexte jugé stable par plusieurs observateurs internationaux, qui saluent la préparation anticipée de la Commission électorale. Le gouvernement souligne régulièrement sa volonté d’organiser un scrutin transparent, facteur essentiel pour consolider les acquis sécuritaires obtenus depuis une décennie.
Alexis Bongo, candidature et projet de société
Devant la presse, au centre culturel Zola de Moungali, Alexis Bongo a révélé son programme « Le Congo nouveau ». Celui-ci se veut « panafricaniste et inclusif », selon ses termes, en misant sur la jeunesse, l’économie numérique et la diplomatie d’influence régionale.
Âgé de 56 ans, l’animateur de l’émission « Homéosthasie » sur DRTV s’était déjà déclaré en 2016 sans toutefois finaliser sa candidature. Il assure aujourd’hui disposer des relais nécessaires pour réunir la caution de 25 millions de francs CFA.
Interrogé sur son engagement, il affirme « ne pas courir contre quelqu’un » mais vouloir « offrir une alternative positive » au sein des institutions existantes. Une position qui, sans remettre en cause la légitimité du Président Denis Sassou Nguesso, pourrait élargir le débat programmatique.
Jeunesse et société civile, un électorat clé
Les Congolais de moins de 35 ans représentent près de 60 % du corps électoral. Conscient de cet atout, Alexis Bongo multiplie les rencontres avec les associations estudiantines et start-ups naissantes, promettant un fonds d’innovation cofinancé par des partenaires sud-africains.
Le ministère en charge de la Jeunesse rappelle, de son côté, les avancées du plan gouvernemental CAPJEUNES, axé sur la formation technique et l’employabilité. Les autorités voient l’émulation née de ces nouvelles candidatures comme un catalyseur supplémentaire pour accélérer les réformes.
Vers un scrutin compétitif, mais encadré
Sous l’impulsion du pouvoir exécutif, la révision du code électoral adoptée en mai dernier renforce la traçabilité des résultats grâce à la dématérialisation partielle des procès-verbaux. La société civile, à l’instar de l’ONG Observatoire 2026, salue « un bond procédural significatif » pour la prochaine échéance.
Le gouvernement souligne également l’ouverture de cinquante nouveaux centres d’enrôlement dans les zones rurales afin d’atteindre un taux d’inscription supérieur à 85 %. Ces mesures pourraient réduire les contestations post-électorales observées dans plusieurs pays d’Afrique centrale.
Néanmoins, certains universitaires estiment que la caution de 25 millions de francs CFA reste dissuasive pour les acteurs émergents. Alexis Bongo répond que « la vraie barrière est psychologique » et appelle les entrepreneurs congolais à soutenir financièrement les candidatures citoyennes.
Défis et priorités du Congo nouveau dans la continuité
Le projet d’Alexis Bongo accorde une place majeure à la diversification économique, en complément de la stratégie gouvernementale axée sur le gaz et l’agro-industrie. Il propose la création de pôles technologiques régionaux reliés par la dorsale fibre optique déjà inaugurée l’an dernier par l’État.
Sur le plan social, il insiste sur une assurance maladie universelle progressive, rejoignant les objectifs du Programme national de développement, phase 2. Pour certains analystes, cette convergence d’idées pourrait favoriser des coalitions de gouvernance après le scrutin.
Les partenaires au développement, de la Banque africaine de développement à la CEEAC, suivent de près ces propositions. Un diplomate européen confie « voir d’un bon œil la poursuite des réformes sous un schéma institutionnel stable, quel que soit l’occupant du Palais ».
Perspectives régionales et diplomatiques
L’élection de 2026 devra composer avec un environnement sous-régional mouvant, entre transition militaire au Gabon et essor pétrolier en Angola. Brazzaville, membre actif de la CEMAC, veut préserver sa réputation de médiateur, capital que les autorités entendent renforcer dans les prochains dix mois.
Alexis Bongo souhaite repositionner le pays sur la diplomatie climatique, en promouvant la valeur économique du bassin du Congo. Un conseiller du ministère des Affaires étrangères salue cette orientation qui complète la stratégie carbone déjà portée par la présidence actuelle.
Concernant la sécurité, le programme propose une coopération renforcée avec la force multinationale de la CEEAC. Le gouvernement rappelle toutefois les progrès déjà réalisés dans la lutte contre la piraterie fluviale, soulignant l’importance d’une continuité institutionnelle pour consolider ces avancées sur place.
Quelles dynamiques pour mars 2026 ?
À ce stade, le Président Denis Sassou Nguesso n’a pas encore officialisé sa position, même si plusieurs cadres du Parti congolais du travail évoquent une possible candidature de stabilité. L’entrée d’Alexis Bongo offre, selon eux, « un test de vitalité démocratique » pour le pays entier.
Le chronogramme électoral publié par le ministère de l’Intérieur prévoit la convocation du corps électoral en janvier 2026. D’ici là, la multiplication des projets de société, dans un cadre institutionnel consolidé, pourrait nourrir un débat d’idées inédit depuis 2002 aux dimensions vraiment nationales et inclusives.