Ce qu’il faut savoir
Réuni le 9 septembre à Brazzaville, le Conseil supérieur de la liberté de communication a adopté un règlement intérieur, un règlement financier et un manuel de procédure révisés.
Le président Médard Milandou assure que cette actualisation, fruit de débats « contradictoires mais proactifs », répond aux nouvelles lois et prépare la couverture médiatique de la présidentielle 2026.
Les enjeux pour la présidentielle 2026
À deux ans du scrutin, la régulation devient stratégique : la dynamique numérique transforme la circulation de l’information, tandis que les candidats peaufinent déjà leur présence en ligne.
Le CSLC, garant d’un débat équilibré, veut éviter les emballements communautaires ou la désinformation qui pourraient peser sur la participation et sur la perception internationale du processus.
En harmonisant ses textes internes, l’institution s’aligne sur les standards du Réseau francophone des régulateurs des médias, renforçant ainsi la crédibilité des futures observations électorales.
Une régulation adaptée au numérique
La loi de 2001 sur la communication ne prévoyait pas le foisonnement des réseaux sociaux et des web-TV apparus depuis.
Le manuel révisé introduit des critères pour qualifier une plateforme, vérifier son propriétaire et contrôler la publicité politique sponsorisée.
Il précise aussi la procédure de saisine en cas de contenus haineux : 24 heures pour notifier, 48 heures pour statuer, délai compatible avec la rapidité des partages viraux.
« Le numérique n’est pas une zone de non-droit », insiste un membre du bureau, rappelant que les mêmes règles d’équité s’appliquent à la radio, à la télévision et aux podcasts.
Dialogue avec les rédactions
Le CSLC organisera, avant la fin d’année, une journée de travail avec les directeurs de publication pour revisiter le code d’éthique et mutualiser les meilleures pratiques.
Médard Milandou souhaite que les médias signent un pacte volontaire garantissant un temps d’antenne équilibré entre le président sortant, les partis de la majorité et l’opposition.
Une fois validé, ce pacte sera annexé au manuel afin d’avoir une valeur morale et un rappel juridique en cas de plainte.
Transparence financière des médias
Le règlement financier révisé précise que toute rédaction bénéficiant d’un soutien extérieur doit déclarer l’origine des fonds au CSLC pour prévenir les financements opaques.
Cette mesure fait écho aux recommandations de l’Organisation internationale de la Francophonie sur la transparence, gage, selon Brazzaville, d’une compétition saine et d’opportunités équitables pour tous les candidats.
Approche régionale et internationalisation
Plusieurs régulateurs d’Afrique centrale envisagent d’adopter une démarche similaire avant leurs propres scrutins, signe que le Congo veut rester moteur dans la modernisation électorale régionale.
Perspective des observateurs
Pour l’ONG nationale Publiez Ce Que Vous Payez, la clarté des procédures facilite aussi la couverture des enjeux économiques, souvent complexes, mais décisifs pour les électeurs.
« Si les règles sont connues d’avance, nous pourrons concentrer notre attention sur le fact-checking des promesses, plutôt que sur les polémiques », juge un analyste basé à Oyo.
La mission d’observation de l’Union africaine avait déjà souligné en 2021 le besoin d’outils plus modernes ; la présente réforme répond directement à cette recommandation.
D’ici au dépôt officiel des candidatures, prévu courant 2025, le CSLC diffusera des rapports trimestriels de mise en œuvre, permettant aux partenaires techniques de suivre l’avancement.
Impacts pour les jeunes électeurs
Les 18-35 ans, qui représentent plus de soixante pour cent du corps électoral, consomment principalement l’info sur mobile ; la mise à jour du CSLC impose désormais que les formats courts soient soumis aux mêmes obligations de vérification que les formats traditionnels.
Cette harmonisation devrait renforcer la confiance des primo-votants, régulièrement exposés aux chaînes Telegram et aux lives TikTok, espaces où l’information non sourcée circulait jusque-là sans véritable encadrement.
À retenir
Le toilettage des textes du CSLC arrive à un moment charnière : il consolide la confiance interne et offre aux observateurs extérieurs un cadre clair pour apprécier l’équité de la campagne 2026.
Que faire concrètement ?
Les rédactions sont invitées à désigner dès maintenant un référent « élection » chargé de dialoguer avec le régulateur et d’assurer une veille sur les contenus sensibles.
Les citoyens, eux, peuvent signaler toute dérive en utilisant le formulaire en ligne du CSLC ou la ligne verte annoncée, renforçant ainsi la vigilance collective.
FAQ
Qui est concerné ? Toute structure diffusant de l’information au public, y compris les pages Facebook ou WhatsApp ayant plus de 5 000 abonnés.
Que risque un média en cas de manquement ? Un avertissement, puis une suspension temporaire, voire une amende selon la gravité, conformément aux nouveaux barèmes.
Quels recours ? Les plaignants peuvent saisir la commission de discipline, laquelle statue publiquement et peut être contestée devant les juridictions compétentes.
Quand prend effet la réforme ? Dès sa publication au Journal officiel, attendue avant la prochaine rentrée parlementaire, selon l’agenda communiqué.
Calendrier des prochaines étapes
Les règlements consolidés seront transmis au Secrétariat général du gouvernement puis publiés, au plus tard en janvier 2024 ; suivront la phase de vulgarisation, la formation des correspondants régionaux et les simulations électorales pilotes.
Une plateforme interactive permettra également aux citoyens d’évaluer en temps réel la répartition du temps d’antenne, outil innovant salué par plusieurs associations d’électeurs.