Ce qu’il faut savoir
À quinze mois du scrutin présidentiel fixé au 22 mars 2026, la scène politique congolaise s’anime. L’Alliance pour la République et la Démocratie (ARD) a réuni cadres et sympathisants pour un colloque de trois jours consacré aux règles du jeu électoral.
Le mouvement, dirigé par l’ancien ministre des Finances Mathias Dzon, plaide pour une refonte de la Commission électorale indépendante et réclame un dialogue national inclusif avant toute ouverture officielle de la campagne, estimant que la compétition doit reposer sur des bases plus consensuelles.
Une opposition en colloque
Dans la salle de la Fédération protestante de Brazzaville, les participants échangent chiffres et jurisprudences, sous l’œil d’observateurs de la société civile. Le ton est ferme mais demeure empreint d’ouverture, Mathias Dzon assurant vouloir « un combat de propositions ».
L’ARD souhaite notamment que la future Commission électorale soit composée à parité entre majorité et opposition, et bénéficie d’un budget propre pour publier en ligne, et en temps réel, toutes les étapes du dépouillement, à l’image des pratiques observées en Afrique australe.
Ces revendications, formulées sans incidents, témoignent d’une vitalité démocratique reconnue par plusieurs partenaires extérieurs. Un diplomate accrédité à Brazzaville confie que « le débat, même vigoureux, reste courtois », signe selon lui d’une maturité politique croissante avant 2026.
Cadre légal électoral 2015-2026
Pour rappel, la Constitution du 25 octobre 2015 encadre le processus électoral. Le ministère de l’Intérieur souligne que le calendrier, le financement public de la campagne et la carte biométrique ont déjà été validés par le Parlement, où l’opposition dispose de relais.
Depuis 2021, la Commission électorale a numérisé près de 90 % des registres, selon son dernier rapport. Les pouvoirs publics soulignent que cette modernisation réduit les doublons et rassure les partenaires techniques, dont le Programme des Nations unies pour le développement.
Les juristes rappellent que la loi électorale de 2016 impose la publication des résultats par bureau sous quarante-huit heures. Lors des législatives de 2021, 92 % des procès-verbaux avaient été affichés dans ce délai, record salué par l’Organisation internationale de la Francophonie.
La majorité prône l’inclusivité
Interrogé sur la démarche de l’ARD, le porte-parole de la majorité présidentielle note que « la porte du dialogue n’a jamais été fermée », rappelant la participation de plusieurs partis d’opposition aux consultations sur la régionalisation tenues en juillet dernier.
Le camp présidentiel insiste sur la nécessité de concilier sécurité, calendrier économique et impératifs citoyens. « Reporter indéfiniment un vote créerait de l’incertitude et pèserait sur l’investissement », souligne une source au ministère de l’Économie, ouverte à des ajustements techniques.
Plusieurs députés de la majorité rappellent que les réformes électorales se votent au Parlement, et non dans la rue. Ils invitent l’ARD à déposer ses propositions pour examen durant la session budgétaire de novembre, lors du débat sur la loi de finances.
Calendrier électoral 2026
Conformément à l’article 70 de la Constitution, la convocation du corps électoral doit intervenir 90 jours avant le scrutin, soit fin décembre 2025. C’est à ce moment que les candidats pourront déposer leurs dossiers et recueillir les parrainages nécessaires auprès des élus locaux.
La campagne s’étendra ensuite sur quinze jours, avec une période de silence observée 48 heures avant le vote. Le Conseil supérieur de la liberté de communication a déjà annoncé qu’il publiera le barème d’accès aux médias d’État dès mars prochain, gage supplémentaire d’équité.
À retenir
Entre ouverture institutionnelle et vigilance citoyenne, la présidentielle 2026 s’annonce comme un test grandeur nature pour les réformes déjà engagées. Les appels de l’ARD enrichissent le débat, tandis que les autorités réaffirment leur volonté de tenir le scrutin dans les délais prescrits.
Que faire concrètement ?
Les électeurs non encore inscrits peuvent vérifier leur situation dès maintenant auprès des antennes préfectorales, avant la révision annuelle qui s’ouvrira en octobre. Anticiper ces démarches évite l’affluence de dernière minute, signalent les agents recenseurs.
Les formations politiques, elles, sont invitées à désigner tôt leurs représentants dans les centres locaux de compilation afin de suivre chaque étape. Le ministère de l’Administration du territoire propose déjà des sessions de formation à leur intention, preuve d’un esprit d’ouverture institutionnelle.
FAQ sur le scrutin 2026
Pourquoi la biométrie n’est-elle pas généralisée à 100 % ? La Commission répond qu’elle privilégie une montée en puissance progressive pour tenir compte des zones sans couverture réseau, tout en garantissant une base sécurisée unique.
Le vote de la diaspora sera-t-il possible en 2026 ? Le ministère des Affaires étrangères confirme travailler sur des centres pilotes à Paris et Abidjan ; la décision finale sera prise en Conseil des ministres avant juin 2025.
Denis Sassou Nguesso est-il candidat ? À ce stade, le chef de l’État n’a pas officialisé sa position. Ses partisans, réunis autour du Parti congolais du travail, multiplient toutefois les appels à la continuité, estimant que la stabilité économique doit demeurer la priorité.


