Ce qu’il faut savoir
À moins de trois ans du scrutin présidentiel, la scène politique congolaise voit apparaître la plateforme « Jeunes Avec Mafoula » (JAM). Fondée le 8 novembre à Brazzaville, elle ambitionne de canaliser l’énergie des 18-35 ans vers un engagement civique structuré.
Les JAM, moteur de la jeunesse en campagne
Devant la préfecture, Henryal Moudoungou a décrit un mouvement misant sur la proximité plutôt que sur les grands moyens financiers. « Le patriotisme vaut mieux que l’argent », a-t-il lancé, soulignant la volonté des JAM de former des citoyens critiques plus que de simples spectateurs de meeting.
Leur soutien déclaré à Uphrem Dave Mafoula, président des Souverainistes, s’explique par l’image de rigueur et d’ouverture qu’il projette auprès d’une partie de la jeunesse urbaine. Les JAM entendent ainsi fédérer des forces progressistes autour d’un mot d’ordre : alternance sans fracture.
Une dynamique inscrite dans la feuille de route 2026
Le calendrier publié par la Commission nationale électorale indépendante fixe la révision des listes pour le second semestre 2025. Les JAM veulent profiter de cette fenêtre pour déployer des caravanes de sensibilisation à l’inscription, notamment dans les quartiers périphériques de Brazzaville et Pointe-Noire.
Cette stratégie rejoint l’appel républicain des autorités à porter la participation au-delà de 70 %. Le ministère de l’Administration du territoire a d’ailleurs salué « tout mouvement contribuant au civisme électoral », rappelant que l’État reste garant de la neutralité du processus.
Dialogue constructif avec les politiques publiques
Si Dave Mafoula plaide pour des mesures plus offensives contre le chômage, il reconnaît les récents programmes gouvernementaux comme le Fonds jeunesse et l’initiative Pépites, destinés à soutenir mille micro-entreprises d’ici 2024. « Nous voulons aller plus vite », nuance-t-il, sans nier les avancées.
L’exécutif voit dans ce débat un signe de vitalité démocratique. Un conseiller du ministère de la Jeunesse rappelle que « l’esprit de la République, c’est la confrontation des idées dans le respect des institutions », tout en invitant la plateforme à intégrer les cadres de concertation existants.
À retenir
Les JAM illustrent la montée en puissance d’une génération connectée qui cherche des repères politiques clairs. Leur émergence conforte le pluralisme reconnu par la Constitution et pourrait encourager d’autres courants juvéniles à se structurer avant 2026.
Que faire concrètement ?
Les jeunes intéressés peuvent, dès maintenant, vérifier leur état civil, se procurer une pièce d’identité à jour et suivre les séances d’information organisées par les démembrements locaux de la CNEI. Une fois les listes rouvertes, l’inscription ne prendra que quelques minutes dans le centre le plus proche.
FAQ
Q : Les JAM sont-ils un parti ? R : Non, il s’agit d’une plateforme citoyenne qui soutient un candidat, tout en restant juridiquement distincte des formations agréées.
Q : Peuvent-ils organiser des meetings ? R : Oui, dès lors qu’ils respectent les procédures de déclaration auprès des autorités préfectorales et le Code électoral.
Q : Leur financement est-il légal ? R : Les collectes privées sont autorisées si elles sont déclarées à la Direction générale de la comptabilité publique et plafonnées conformément à la loi de 2019 sur la transparence politique.
Infographie : cartographie de la mobilisation juvénile
Une carte interactive, produite à partir des données du recensement 2023, montre que 42 % des primo-votants vivent dans cinq arrondissements de Brazzaville. Les JAM visent ces zones prioritaires, tandis qu’un quart des inscrits potentiels se trouvent dans le Pool et la Bouenza.
Regards d’experts
Pour la politologue Clarisse Moussoki, « l’enjeu n’est pas de savoir si les jeunes suivront Mafoula, mais comment les acteurs, y compris le pouvoir, sauront transformer cette effervescence en participation effective ». Elle estime que la pédagogie électorale devra se renforcer dès 2024.
Le sociologue Léon Kazadi ajoute que la coexistence de mouvements comme les JAM avec les dispositifs étatiques traduit « une maturité croissante du système congolais, capable d’absorber la contestation tout en préservant la stabilité que beaucoup de voisins envient ».


