Une décision attendue
Réunis à la préfecture de Brazzaville le 21 août 2025, les 280 conseillers nationaux de la Dynamique républicaine pour le développement ont choisi d’appeler formellement Denis Sassou Nguesso à briguer un nouveau mandat. Le geste, anticipé par plusieurs observateurs, pèse néanmoins dans l’architecture de la majorité.
Le parti dirigé par Hellot Matson Manpouya, ancien ministre et haut-commissaire aux États généraux de l’éducation, devient ainsi la deuxième composante de la coalition présidentielle à se positionner publiquement après le Parti congolais du travail, confirmant la dynamique d’un front commun avant mars 2026.
La mécanique interne du parti
En dissolvant son Bureau exécutif national, la DRD parie sur une phase transitoire plus souple. Une commission intérimaire pilotera les affaires courantes jusqu’à un congrès annoncé pour l’automne 2025, où seront définies les têtes de réseau chargées d’orchestrer la campagne.
Selon un cadre approché à la sortie du conclave, la réorganisation vise à « rendre le parti plus horizontal et plus réactif ». Le message, confie-t-il, est que chaque militant devra devenir relais local, la DRD souhaitant doubler ses bureaux de vote contrôlés.
Le calcul électoral régional
L’appel lancé à Denis Sassou Nguesso tient également à une lecture géographique fine. Implantée dans les bassins sud, la DRD espère élargir son ancrage vers la Cuvette et la Sangha, fiefs historiques du chef de l’État, en échange d’un soutien logistique du Parti congolais du travail.
Des négociations discrètes portent déjà sur les coordinations régionales qui piloteront les caravanes. L’objectif affiché est de mutualiser véhicules, médias locaux et équipes numériques afin de saturer l’espace public dès janvier 2026, date présumée de l’ouverture officielle de la campagne.
Stabilité et continuité recherchées
Dans sa déclaration finale, la DRD souligne que « l’expérience accumulée par le président sortant demeure un atout face aux chocs extérieurs ». Le rappel d’un contexte régional troublé, du Sahel aux Grands Lacs, sert d’argument pour privilégier la continuité institutionnelle.
Le gouvernement, qui finalise un nouveau programme avec le Fonds monétaire international, voit d’un bon œil cet engagement. Un conseiller au Trésor confie qu’un scrutin apaisé serait « l’élément de confiance manquant » pour accroître les décaissements et sécuriser la relance post-pandémie.
Voix de l’opposition et société civile
Du côté des plateformes d’opposition, la décision de la DRD est qualifiée de « simple alignement ». Guy-Brice Parfait Kolélas, interrogé par une radio privée, estime toutefois que « l’implosion possible des petites formations alliées pourrait rouvrir le jeu ». Les ONG électorales exhortent à un débat programmatique.
À Brazzaville, des collectifs de jeunes plaident pour que chaque candidat présente un plan chiffré sur l’emploi numérique. La DRD assure qu’une plateforme participative sera lancée avant novembre, démarche susceptible de couper l’herbe sous le pied aux critiques sur la verticalité du système.
Enjeux économiques et sociaux
L’économiste Martial Eboua rappelle que le prochain quinquennat devra arbitrer entre la consolidation budgétaire et l’investissement productif. Pour lui, « le Congo ne pourra pas dépendre indéfiniment du pétrole ». Les équipes du président sortant promettent un virage vers la transformation locale des ressources.
La DRD, dont plusieurs cadres sont issus du secteur agricole, pousse pour un second programme Agropoles axé sur la sécurité alimentaire. Un aide-mémoire interne évoque la création de 50 000 emplois ruraux entre 2026 et 2030, sous réserve d’un partenariat accru avec la Banque africaine.
Calendrier et perspectives
La Commission électorale nationale indépendante publiera le corps électoral provisoire en décembre. D’ici là, le ministère de l’Administration du territoire mènera un audit des centres d’enrôlement. Les formations politiques sont invitées à déléguer des experts, démarche saluée par les observateurs internationaux basés à Libreville.
Hellot Matson Manpouya affirme que la DRD présentera un rapport d’étape chaque mois pour vérifier la conformité des listes. Il espère ainsi contrer les soupçons de fraude souvent soulevés par l’opposition et accroître la crédibilité générale d’un scrutin considéré comme test démocratique.
Pour l’heure, aucun autre prétendant majeur n’a officiellement déclaré sa candidature. Les analystes estiment toutefois que des figures issues du monde des affaires pourraient se lancer, misant sur les réseaux sociaux pour contourner l’hégémonie logistique de la majorité. La majorité suit ces signaux sans inquiétude apparente.
À huit mois de l’ouverture des bureaux de vote, l’option Sassou Nguesso apparaît donc, pour la DRD, comme le socle le plus sûr. Mais les trente dernières années de politique congolaise rappellent que chaque cycle électoral recèle ses surprises, et la vigilance demeure le maître mot.
Scénarios post-scrutin
Les conseillers de la DRD envisagent déjà les premiers cent jours d’un éventuel nouveau mandat. Un pack législatif portant sur la décentralisation financière serait soumis au Parlement avant juillet 2026, avec pour ambition de transférer vingt pour cent des recettes nationales vers les collectivités.
Sur le plan diplomatique, Brazzaville entend poursuivre l’initiative des trois bassins forestiers, saluée lors de la COP28. La DRD y voit la possibilité d’attirer des financements verts et de conforter l’image d’un Congo pivot dans la gouvernance environnementale de l’Afrique centrale.