Clarification réglementaire et présidentielle en vue
Le 12 juillet, le préfet directeur général de l’Administration du territoire, Bonsang Oko Letchaud, a rappelé aux dirigeants d’une centaine de partis non-reconnus que leurs formations « n’ont pas été dissoutes ». À moins de deux ans du scrutin, l’affirmation se veut apaisante.
L’arrêté ministériel évoqué, signé par le ministre de l’Intérieur Raymond Zéphirin Mboulou, est intervenu après l’expiration d’un délai de six mois donné pour se conformer à la loi n°20-2017. Le texte fixe les règles de création, d’existence et de financement des partis.
Dans un contexte où l’exécutif affirme vouloir garantir un climat électoral serein, cet éclaircissement est présenté comme une preuve de transparence. « La porte reste ouverte, mais dans le respect des règles », résume un cadre du ministère, évoquant la présidentielle 2026 comme boussole.
Le défi de la conformité partisane
Selon les chiffres fournis par l’administration, 79 formations restent dépourvues de récépissé définitif. Leurs dirigeants disposent encore de plusieurs mois pour déposer statuts actualisés, comptes certifiés et listes d’adhérents, conditions préalables à toute réinscription sur la liste officielle.
Bonsang Oko Letchaud indique qu’une « cellule de facilitation » traite déjà les dossiers reçus. Cette structure, composée de juristes et de financiers, promet un délai de réponse de trente jours, contre quatre-vingt-dix auparavant, signe d’un effort pour fluidifier la procédure.
Des diplomates basés à Brazzaville saluent un pas « technique mais nécessaire » vers la professionnalisation de la vie partisane. Pour eux, la stabilité institutionnelle, critère prisé des investisseurs, dépendra de la capacité des acteurs politiques à respecter le cadre légal.
Les craintes d’une partie de l’opposition
Malgré ces assurances, certaines voix restent sceptiques. Maurice Kinoko, président du Mouvement pour la démocratie et le changement, s’interroge sur son absence de la nouvelle liste : « Ne s’agit-il pas d’une sanction voilée ? ».
Plusieurs responsables ont parlé de « tricherie intellectuelle », redoutant que la régularisation n’arrive qu’après 2026. Ils demandent une circulaire explicite autorisant immédiatement leurs activités publiques, réunions et déplacements à l’intérieur du pays.
Des observateurs proches de la société civile reconnaissent que cet argumentaire rencontre un écho dans une partie de l’opinion. Toutefois, ils notent que la loi de 2017, adoptée après consultation multipartite, oblige chaque formation à une rigueur administrative souvent négligée.
Un calendrier électoral sous surveillance internationale
Les partenaires extérieurs, Union africaine et Communauté économique des États de l’Afrique centrale en tête, suivent le dossier. Brazzaville, qui accueillera plusieurs missions d’observation en 2026, entend afficher des signaux positifs pre-scrutin.
Selon une source diplomatique, la publication prochaine d’un calendrier provisoire, incluant révision des listes électorales et audit du fichier biométrique, participera à rassurer chancelleries et bailleurs. L’enjeu est d’éviter toute contestation précoce de la légitimité du processus.
Le gouvernement, déjà engagé dans la préparation du Forum panafricain de la paix à Oyo, veut capitaliser sur cette visibilité pour présenter la présidentielle comme « un rendez-vous de maturité démocratique », insistent des conseillers du palais.
Vers une compétition pluraliste encadrée
Sous le régime de Denis Sassou Nguesso, plusieurs scrutins ont été marqués par une multiplication de candidatures parfois symboliques. L’administration souhaite, cette fois, éviter le morcellement jugé contre-productif pour le débat d’idées.
En exigeant la conformité financière, les autorités espèrent assainir la compétition et encourager des plateformes programmatiques solides. Un universitaire de l’Université Marien Ngouabi estime que « la qualité du pluralisme prime désormais sur la quantité des sigles ».
Le Parti congolais du travail, formation majoritaire, se dit favorable à une « concurrence loyale ». Dans les rangs de l’opposition reconnue, l’Union panafricaine pour la démocratie sociale affirme qu’un cadre électoral rigoureux renforcera la crédibilité de tous.
L’administration mise sur la pédagogie
Pour désamorcer les suspicions, le ministère de l’Intérieur prévoit une campagne de sensibilisation dans les chefs-lieux de département. Des séminaires expliqueront les étapes d’enregistrement et les obligations comptables, souvent sources d’incompréhension.
Le gouvernement veut également impliquer la Cour constitutionnelle et la Commission nationale électorale indépendante. Leur présence renforcera la chaîne de confiance, notamment lors de la remise des nouveaux récépissés attendus d’ici fin 2025.
Au-delà de la procédure, l’enjeu est politique : consolider un climat serein afin que la présidentielle 2026 se déroule sans incident majeur. La société civile, invitée comme partenaire, pourra ainsi exercer son rôle de vigie constructive.