Ce qu’il faut savoir sur le fichier 2026
À dix-huit mois de la présidentielle de 2026, la question du fichier électoral alimente débats, réseaux sociaux et plateaux radio. Entre impératif de transparence et contraintes logistiques, Brazzaville doit trouver le juste équilibre pour rassurer électeurs, diaspora et partenaires.
L’appel du RFC et ses treize demandes
Vendredi 5 septembre 2025, le Rassemblement des forces du changement a demandé depuis Brazzaville la refonte totale du fichier et l’introduction immédiate de la biométrie, jugeant le dispositif actuel obsolète et source de contestations.
« Seul un corps électoral fiable ouvrira la voie à l’alternance », a insisté Marcel Guitoukoulou, porte-parole ponctuel de la plate-forme, au nom de six formations alliées, évoquant treize conditions, dont un dialogue inclusif et un recensement administratif spécial.
Un gouvernement ouvert au débat pragmatique
Le gouvernement, par la voix du ministère de l’Administration du territoire, se dit disposé à évaluer toute proposition « réaliste et budgétisable », rappelant que la stabilité institutionnelle reste primordiale et que la modernisation électorale figure déjà dans la feuille de route présidentielle.
Biométrie: état des lieux technique
La biométrie, en revanche, exige un outil d’enrôlement coûteux, une maintenance experte et une connexion sécurisée sur l’ensemble du territoire, des Plateaux au Kouilou.
Selon un ingénieur consulté, la capture d’empreintes et de photos pourrait durer six mois si deux mille kits mobiles sont déployés. Un délai cohérent avec le calendrier officiel, mais conditionné à un financement rapide et à un vaste programme de formation des agents recenseurs.
Révision des listes: étapes décisives
Le chef de l’État Denis Sassou Nguesso, lors de sa dernière adresse à la nation, a salué « l’engagement citoyen autour des réformes électorales » et invité les partis à formuler des observations techniques au lieu de s’enfermer dans des procès d’intention politiques.
Dans la foulée, un comité ad hoc réunissant CENI, partis parlementaires et organisations de jeunesse examine déjà les scénarios de validation du nouveau registre, qu’il soit biométrique ou consolidé. Les conclusions sont attendues pour novembre, avant l’ouverture de la révision ordinaire des listes.
Analyses juridiques et financières
Pour les juristes, le délai constitutionnel du scrutin – au plus tard fin mars 2026 – impose de boucler la phase matérielle début janvier. « Rien n’interdit la biométrie, mais tout retarde le processus si l’on ne mutualise pas l’expertise déjà disponible », prévient Maître Émery Okoundji.
Côté financement, le budget prévisionnel de la présidentielle, adopté en juillet par le Parlement, dépasse légèrement 30 milliards de francs CFA. Une ligne spécifique pour l’équipement biométrique pourrait être débloquée, sous réserve d’appuis techniques internationaux actuellement négociés.
Dialogue national: vers un consensus?
Au-delà de la technique, l’opposition réclame un dialogue inclusif. Le gouvernement rappelle que les Assises de la paix et du développement, tenues en 2021, restent ouvertes aux amendements et qu’une session spéciale pourrait être convoquée dès décembre pour consacrer un « pacte électoral ».
Les observateurs de la CEEAC saluent cette main tendue et soulignent qu’un climat apaisé favoriserait la mobilisation des électeurs, dont le taux de participation est passé de 68 % en 2016 à 57 % en 2021, selon la CENI.
À retenir
À retenir, le fichier électoral 2026 sera audité, qu’il soit biométrique ou non. Les kits d’enrôlement seront testés dans trois départements pilotes et la CENI publiera désormais les chiffres d’inscription hebdomadaires pour permettre un suivi citoyen continu.
Que faire concrètement pour 2026?
Que faire concrètement ? Chaque électeur doit vérifier son nom lors de l’affichage communal et signaler toute anomalie. Les Congolais de l’étranger s’enregistrent auprès des ambassades avant le 15 février pour voter en mars.
Les jeunes primo-votants recevront un guide numérique détaillant pièces requises, étapes d’enrôlement et emplacement des centres. Une campagne sur TikTok, pilotée par le Conseil national de la jeunesse, mettra en scène des influenceurs vantant le rôle de la biométrie pour sécuriser leur voix.
FAQ des primo-votants
FAQ. Comment savoir si la biométrie sera retenue ? La décision finale appartiendra au décret présidentiel, pris après l’avis de la CENI et de la Cour constitutionnelle. Faut-il un nouveau numéro d’identification ? Non, l’actuel NIP sera lié aux données biométriques.
La biométrie retarde-t-elle l’élection ? Les experts estiment qu’avec une logistique optimisée, l’impact reste limité. Qui finance ? Un panier spécifique, associant État et partenaires, sera créé au sein du Trésor. Les données seront-elles protégées ? La loi sur la cybersécurité de 2019 s’appliquera.
Perspectives
Le Congo-Brazzaville a souvent surpris par sa capacité à négocier des compromis politiques in extremis. Les prochains mois diront si la biométrie pourra être intégrée sans renoncer à l’échéance constitutionnelle, pierre angulaire du contrat social voulu par le président Denis Sassou Nguesso.
D’ici là, la clé reste la participation populaire : un fichier, même biométrique, n’a de valeur que si tous y figurent. Les électeurs ont donc rendez-vous avec leur propre avenir, un bulletin à la main, et un État prêt à moderniser le processus pas à pas.