Le congrès, première rampe de la présidentielle 2026
En lançant, le 7 août, les travaux préparatoires du 6ᵉ congrès ordinaire, le secrétaire général du Parti congolais du travail, Pierre Moussa, a placé l’échéance de 2026 au cœur de la réflexion stratégique. Dans un Palais des congrès rempli de cadres et de sympathisants, l’ancien ministre de la Planification a insisté sur « la haute intensité politique » d’un rendez-vous appelé à calibrer la prochaine campagne présidentielle. Loin d’un exercice statutaire de routine, le congrès doit, selon lui, mesurer l’évolution d’une société congolaise confrontée aux tensions économiques mondiales et aux défis climatiques, afin d’esquisser des réponses qui confortent la stabilité institutionnelle recherchée par le chef de l’État.
La méthode Moussa : discipline et ouverture
Le comité préparatoire, présidé par Pierre Moussa lui-même, devra orchestrer une consultation ascendante, des cellules de quartiers jusqu’aux fédérations régionales. L’objectif affiché est de concilier la rigueur organisationnelle héritée de la tradition du parti et une écoute élargie des nouvelles forces sociales, des jeunes diplômés de Pointe-Noire aux entrepreneurs agricoles du Pool. « Un congrès réussi est celui qui additionne les énergies plutôt qu’il ne les hiérarchise », a-t-il souligné, laissant transparaître la volonté de faire de l’inclusivité un argument de légitimité avant 2026.
Cotisation spéciale : la solidarité comme levier politique
Symbole d’engagement militant, la cotisation spéciale pour financer les assises fait l’objet d’une campagne minutieuse. Le parti mise sur une participation financière « large et volontaire », présentée comme le thermomètre de la mobilisation. Dans un contexte où les partenaires extérieurs réduisent parfois leur appui aux partis africains, l’autonomie budgétaire devient un marqueur de maturité. Plusieurs économistes de l’université Marien-Ngouabi estiment que cette démarche crée un précédent vertueux : « La vertu contributive renforce la redevabilité interne tout en donnant au parti les moyens de sa souveraineté programmatique », analyse le professeur Nestor Koumba.
Renouveler le logiciel idéologique sans renier l’héritage
Si le PCT entend conserver la colonne vertébrale de l’économicisme social hérité des années 1980, le secrétariat général travaille à y adjoindre une dimension verte, en phase avec les attentes d’une jeunesse attentive aux transitions énergétique et numérique. L’idée, confie un conseiller proche du Bureau politique, est de « valoriser les succès de la modernisation des infrastructures tout en intégrant l’impératif climat ». Une articulation qui pourrait nourrir le discours du candidat de la majorité en 2026, visant à consolider l’image d’un Congo stable mais résolument tourné vers l’innovation.
Un test grandeur nature pour l’opposition
La tenue du congrès, annoncée pour le premier semestre 2025, sera également observée par les autres formations. Elles jaugeront la capacité du PCT à gérer la succession générationnelle, point souvent présenté comme son talon d’Achille. Pour l’instant, les signaux envoyés par Pierre Moussa sur l’« audace » et la « lucidité » semblent indiquer que le parti n’entend pas céder le terrain du renouvellement discursif. Une opposition morcelée, en quête d’alliances, devra donc compter avec un appareil majoritaire revigoré, mobilisé et financièrement consolidé.
Cap sur 2026 : continuité et modernisation
À deux ans du scrutin, le lancement officiel des préparatifs du 6ᵉ congrès confirme la volonté du PCT de conjuguer constance institutionnelle et adaptation stratégique. En misant sur une discipline militante éprouvée, une solidarité financière interne et une ouverture doctrinale mesurée, le parti présidentiel se dote d’atouts pour aborder la campagne sous le signe de la sérénité. Reste désormais à transformer cette dynamique en propositions concrètes capables de maintenir la confiance d’un électorat qui, sans remettre en cause le socle de stabilité actuel, attend des réponses rapides aux défis sociaux et climatiques.