Ce qu’il faut savoir
À trois ans du scrutin présidentiel de mars 2026, la question de la représentativité féminine revient sur le devant de la scène politique congolaise. L’Association des femmes dévouées, fondée en 2021 à Pointe-Noire, adresse une lettre ouverte au chef de l’État.
Son objectif est clair : obtenir une application rigoureuse des dispositions constitutionnelles et électorales relatives à la parité, afin que l’élection présidentielle à venir incarne plus que jamais l’équilibre entre les genres promis par la Constitution du 25 octobre 2015.
Une lettre ouverte aux enjeux 2026
Dans la missive signée par la présidente Aimée Clarisse Abambila, l’AFD salue d’abord la « sensibilité reconnue » du président Denis Sassou Nguesso aux préoccupations féminines, avant d’exiger la publication rapide des textes d’application garantissant l’égalité effective dans les scrutins locaux, législatifs et présidentiel.
Le timing n’a rien d’anodin : la fenêtre officielle d’actualisation de la loi électorale doit s’ouvrir en 2024, puis celle du dépôt des candidatures présidentielles en 2025. Pour l’AFD, prendre la parole maintenant permet d’influencer concrètement ces étapes décisives.
« Nous voulons une campagne 2026 où l’image de la femme sera visible sur les affiches et audible dans les débats », insiste l’activiste, rappelant que l’article 67 révisé de la loi électorale fixe 30 % de candidatures féminines aux locales sans préciser de sanctions.
Le cadre juridique de la parité
La Constitution consacre l’égalité hommes-femmes à son article 17, tandis que le Code électoral renvoie à des textes d’application pour préciser quotas et modalités. Ces décrets sont attendus depuis 2016, mais plusieurs consultations interministérielles laissent présager une adoption dans les prochains mois.
Le gouvernement rappelle régulièrement que 17 % de femmes siègent déjà à l’Assemblée et 19 % au Sénat, chiffres supérieurs à la moyenne régionale d’Afrique centrale. Toutefois, l’exécutif admet viser le seuil de 30 % fixé par ses engagements continentaux.
Selon le ministère de la Promotion de la femme, la mouture finale des décrets d’application intègre un mécanisme incitatif pour les partis : un bonus financier sur le financement public de campagne serait accordé si le ticket président-vice-président annoncé respecte la parité.
Les réactions institutionnelles
Reçue au Sénat, la délégation de l’AFD indique avoir trouvé une écoute attentive auprès du président Pierre Ngolo, qui affirme « partager la préoccupation d’une représentation équilibrée ». Des échanges similaires doivent se tenir à l’Assemblée avant la session budgétaire d’octobre.
Du côté de la Commission électorale, l’on rappelle que toute modification formelle devra être soumise à validation conjointe du gouvernement et du parlement, mais que les outils informatiques de gestion des candidatures peuvent intégrer rapidement des champs de contrôle liés au genre.
À retenir
Le plaidoyer de l’AFD s’inscrit dans une dynamique plus large de consolidation de la gouvernance inclusive voulue par le Plan national de développement 2022-2026, qui place la promotion féminine comme levier essentiel de la diversification économique et de la paix sociale.
L’appui affiché des institutions augure d’avancées légales attendues avant l’ouverture officielle de la campagne présidentielle. Un signal qui, s’il se confirme, conforterait la stratégie d’un Chef de l’État soucieux d’allier stabilité et modernisation démocratique.
Que faire concrètement ?
Les partis politiques disposent encore de deux ans pour former, accompagner et sélectionner davantage de femmes parmi leurs cadres. Plusieurs formations, dont le Parti congolais du travail, annoncent déjà des séminaires de leadership féminin et un réexamen de leurs procédures internes d’investiture.
Au niveau local, l’AFD prépare une caravane de sensibilisation dans les chefs-lieux départementaux pour expliquer aux électrices les modalités de la révision des listes et les inciter à présenter leur candidature, notamment pour les fonctions de conseillère municipale.
La diaspora féminine est également sollicitée. Le Centre des Congolais de l’étranger propose des webinaires mensuels sur les démarches de vote par procuration ou de retour temporaire au pays afin que l’expertise accumulée hors frontières profite au débat électoral national.
FAQ citoyenne
Le quota de 30 % concerne-t-il aussi la présidentielle ? Pour l’heure, il couvre uniquement les scrutins locaux. Toutefois, plusieurs juristes estiment qu’un décret présidentiel pourrait l’étendre ou prévoir un ticket mixte lors du dépôt des candidatures à partir de 2025.
Une modification de la Constitution est-elle nécessaire ? Non, car l’article 17 existe déjà. Il suffit de textes d’application et d’un suivi renforcé par la Commission électorale pour garantir son effectivité, sans procédure référendaire.
L’égalité de financement des campagnes sera-t-elle contrôlée ? Le ministère des Finances prépare un audit public sur les dépenses 2021-2024, première étape vers la publication annuelle de l’origine des fonds et de leur répartition par genre dès le cycle électoral 2026.
Infographie chiffres clés
Les statistiques officielles montrent que 52 % de la population congolaise est féminine, mais seules 8 % des têtes de liste municipales en 2022 étaient des femmes. La réforme viserait donc à quadrupler la présence féminine dans les organes décisionnels locaux.
Selon la Banque mondiale, une hausse de 1 % de la participation féminine au marché du travail pourrait accroître le PIB congolais de 0,3 %. Les acteurs économiques voient donc dans la parité une opportunité, et non un simple impératif juridique.


									 
					