Ce qu’il faut savoir
Le 1ᵉʳ septembre a marqué le coup d’envoi national de la révision annuelle des listes électorales, étape incontournable qui conditionne la transparence du scrutin présidentiel de mars 2026. Dans la Sangha, la ville d’Ouesso sert de laboratoire à une mobilisation citoyenne d’envergure.
Le gouvernement, via le ministère de l’Intérieur, a fixé le 31 décembre comme date butoir pour les opérations d’enrôlement et de vérification. Les centres d’enregistrement, installés dans chaque quartier, fonctionnent du lundi au samedi. Les électeurs doivent présenter une pièce d’identité ou un acte de naissance sécurisé.
Les rouages de la révision 2023-2024
La loi électorale révisée en 2022 prévoit deux fenêtres successives : l’inscription des nouveaux majeurs et la rectification des informations déjà saisies. Chaque commission locale comprend un magistrat, un représentant de l’Administration et un délégué des partis légalement reconnus, garantissant le pluralisme voulu par les autorités.
À l’issue de la phase technique, un fichier provisoire sera publié sur les murs des mairies. Les électeurs disposeront alors de cinq jours pour déposer gratuitement un recours. La Cour constitutionnelle tranchera sous quinze jours avant la validation finale, prévue début février 2025, soit un an avant l’ouverture officielle de la campagne présidentielle.
La méthode Patriarche DSN sur le terrain
Placée sous la houlette de Digne Elvis Tsalissan Okombi, la dynamique « Patriarche DSN » revendique 1 500 volontaires. Après une première phase de pose de banderoles, elle vient d’entamer le corps-à-corps avec la population. Les équipes sillonnent marchés, garages et gares fluviales munies de dépliants colorés et de petits formulaires explicatifs.
« Il ne suffit pas d’aimer son pays sur les réseaux sociaux », glisse un animateur micro en main près du grand marché. « L’expression citoyenne commence par un nom bien orthographié sur la liste officielle ». L’argument fait mouche auprès des commerçantes, souvent premières victimes d’erreurs patronymiques.
Des citoyens entre curiosité et prudence
Martine, 22 ans, confie qu’elle hésitait à y aller : « Je pensais que la révision coûtait quelque chose ». Alertée par les bénévoles, elle se rend finalement au bureau mobile installé derrière l’école primaire. Le chef de centre confirme la gratuité et lui remet un récépissé.
Sur l’avenue Mboundi, Rodrigue, fonctionnaire, se félicite de l’initiative tout en souhaitant un délai plus long pour les travailleurs en congé hors du département. Les équipes prennent note et promettent de transmettre l’observation au coordinateur national, preuve d’une démarche à la fois ascendante et participative.
À retenir
Les observateurs locaux saluent une campagne pacifique, autorisée par la préfecture, qui complète les messages institutionnels diffusés par la radio publique. En visant un taux de participation supérieur à celui de 2021, fixé à 67,55 %, « Patriarche DSN » contribue objectivement aux engagements du chef de l’État en matière de vitalité démocratique.
Que faire concrètement ?
Tout électeur non encore inscrit doit se présenter avant le 31 décembre au centre le plus proche avec une pièce officielle. Ceux déjà enregistrés sont invités à vérifier l’exactitude de leurs données. En cas d’erreur, il suffit de remplir un formulaire de correction disponible sur place et de conserver l’accusé de réception.
Digne Elvis Tsalissan Okombi exhorte également les leaders d’associations, chefs coutumiers et pasteurs à relayer l’information lors des réunions communautaires. Le souci est de ne laisser aucun foyer en marge, notamment dans les zones riveraines où l’accès à la radio reste inégal.
FAQ participation 2026
Qui peut s’inscrire ? Tout Congolais âgé d’au moins 18 ans au 31 décembre 2024. Les compatriotes de la diaspora inscrits dans les consulats suivront une procédure similaire dès janvier.
Où trouver son numéro de bureau de vote ? Il figure sur le récépissé délivré après le contrôle biométrique. Une application mobile, en cours de finalisation par le ministère du Numérique, permettra de le vérifier début 2025.
Que risquent ceux qui n’actualisent pas leurs données ? Rien sur le plan pénal, mais l’impossibilité de voter si la mention « non trouvé » apparaît le jour du scrutin. Le rappel se veut dissuasif, pas répressif, conformément à la philosophie d’accompagnement souhaitée par les autorités.
Perspectives et calendrier
Dès mars 2025, la Commission nationale électorale indépendante publiera le nombre d’inscrits par département. Cette base alimentera la cartographie électorale interactive annoncée par le Centre national de la statistique. Les partis disposeront ainsi de données harmonisées pour élaborer leurs stratégies.
La coalition présidentielle, tout en saluant l’élan du « Patriarche », insiste sur la responsabilité partagée. « La modernisation du fichier est notre bien commun », rappelle un cadre du Parti congolais du travail. Les formations d’opposition, de leur côté, reconnaissent des avancées, mais réclament un audit externe, débat auquel le gouvernement dit rester ouvert.
Regard d’expert
Pour le politologue Jean-Marie Massamba, enseignant à l’Université Marien Ngouabi, « la campagne de proximité menée à Ouesso illustre une mutation des pratiques de mobilisation, moins verticale et plus conversationnelle. Si elle se reproduit dans les autres départements, le seuil symbolique des 70 % de participation devient plausible ».
Enjeux pour le scrutin final
Le président Denis Sassou Nguesso a plusieurs fois rappelé que la légitimité d’un mandat découle d’un suffrage bien préparé. En sanctuarisant la phase de révision, l’exécutif anticipe les contestations post-électorales, réduisant ainsi la place des contentieux au profit du débat programmatique.
Conclusion ouverte
À Ouesso, la sensibilisation prend parfois l’allure d’une fête de quartier, entre musique, slogans et concours de dictée citoyenne. Derrière cette animation se joue pourtant un enjeu cardinal : faire entrer chaque électeur dans le registre national. À moins de deux ans du scrutin, le compte à rebours est lancé.


