Entre bilan local et perspectives nationales
À première vue, la réunion citoyenne du 3 août dernier au siège de la mairie de Talangaï pouvait sembler n’être qu’un exercice coutumier de reddition de comptes. Mais l’intervention d’Yves Fortuné Moundelé-Ngollo, député d’Ongogni depuis 2022, a rapidement pris l’allure d’un discours-programme à portée nationale. En exposant le détail d’un mandat déjà jalonné d’avancées concrètes – de la lutte contre le trafic de stupéfiants à la création de coopératives agricoles –, l’élu a souligné la complémentarité entre action locale et trajectoire présidentielle. « Nous préparons 2026 en même temps que nous achevons les chantiers du quotidien », a-t-il glissé, traduisant le sentiment d’une base électorale convaincue que la stabilité institutionnelle demeure la condition sine qua non du développement.
Le département Nkeni-Alima, laboratoire électoral
Si Ongogni est souvent décrit comme une périphérie agricole, le nouveau département Nkeni-Alima s’impose progressivement comme un microcosme des équilibres politiques congolais. Les ingénieurs du ministère de l’Aménagement du territoire y voient un corridor stratégique reliant la Cuvette aux centres urbains ; les stratèges du Parti congolais du travail (PCT) y perçoivent surtout un terrain d’expérimentation des politiques publiques avant 2026. La densification des pistes bitumées, inscrite au budget national 2024, vise autant à fluidifier les échanges commerciaux qu’à renforcer la visibilité de l’État dans une zone longtemps dépendante des ONG. En filigrane, l’exécutif teste sa capacité à livrer des résultats mesurables en moins de deux ans, horizon qui coïncide – opportunément ou pas – avec l’ouverture de la campagne présidentielle.
Des initiatives socio-économiques comme carte maîtresse
Le dossier agricole demeure le cœur de la stratégie d’Yves Moundelé-Ngollo. La Zone agricole protégée d’Oyali, première du genre dans la sous-préfecture, illustre la volonté de convertir la rhétorique d’autosuffisance alimentaire en statistiques vérifiables : plus de huit millions de FCFA générés à chaque campagne, selon les services déconcentrés de l’Agriculture. Parallèlement, la formation de sept jeunes en Russie, rendue possible grâce au partenariat noué avec la Maison russe, matérialise la diplomatie économique chère à Brazzaville. Le volet sanitaire suit la même logique d’« effet vitrine » : centres de santé intégrés à Lessanga et Endolo, chantier d’un complexe médico-social à Mossendé, réhabilitation de forages dans le centre d’Ongogni. Ces réalisations, pour l’heure financées par une combinaison de dotations budgétaires et de mécénat, devraient, selon l’élu, « rendre tangibles les dividendes de la paix » avant les urnes de 2026.
Quelle lisibilité pour la présidentielle de 2026 ?
Sur le plan politique, l’événement majeur de la rencontre fut sans conteste l’appel explicite lancé par le député à une nouvelle candidature du président Denis Sassou Nguesso. L’initiative, qui intervient à vingt mois de l’échéance constitutionnelle, cristallise l’équation de 2026 : comment conjuguer désir de continuité et appétit de renouvellement ? Les analystes proches du Centre congolais d’études stratégiques rappellent que le chef de l’État conserve un socle de plus de 60 % d’opinions favorables dans les zones rurales, où la visibilité des programmes publics demeure déterminante. En plaçant Ongogni en première ligne, la majorité présidentielle entend démontrer que l’argument de l’efficacité surpassera celui de l’usure du pouvoir. Reste la capacité d’absorption budgétaire et administrative, souvent pointée comme talon d’Achille par les bailleurs internationaux, à convertir les annonces en infrastructures livrées dans les délais.
Stabilité politique et renouvellement générationnel
La séquence Ongogni s’inscrit, enfin, dans une problématique plus large : la gestion de la transition démographique et la montée d’une jeunesse désormais supérieure à 60 % de la population. L’engagement d’inscrire cinquante étudiants à l’Institut Imecta de Brazzaville, avec promesse d’emploi garanti, constitue un signal adressé à cette tranche électorale. Pour le pouvoir, il ne s’agit plus seulement d’entretenir la résilience macro-économique face aux chocs extérieurs, mais de traduire ce cap en parcours individuels ascendants. Dans cette optique, le député se revendique à la fois courroie de transmission du programme présidentiel et incubateur de nouvelles compétences. À moins de deux ans du scrutin, le district d’Ongogni apparaît donc comme un test grandeur nature : s’il convertit les annonces en résultats, il renforcera l’argument de la stabilité; s’il fléchit, il nourrira les discours d’alternance. Pour l’heure, les indicateurs demeurent orientés positivement, et le pari d’un « effet Ongogni » favorable à la majorité semble loin d’être déraisonnable.