Ce qu’il faut savoir
L’exhortation d’Isidore Mvouba, le 28 novembre 2025, à ce que Denis Sassou Nguesso brigue un nouveau mandat en mars 2026, a rouvert le débat sur le rôle du Parlement dans la dynamique électorale congolaise.
Pour certains observateurs, la prise de parole traduisait un soutien partisan évident; pour d’autres, elle illustrait simplement la logique institutionnelle d’une majorité cherchant à sécuriser la continuité des réformes économiques et sociales en cours.
Au-delà de la polémique, l’épisode rappelle que la présidentielle 2026 se joue déjà sous la coupole du Palais des Congrès, où se cristallisent ambitions, équilibres et lecture rigoureuse de la Constitution.
Un congrès au parfum électoral
Réunie comme le prévoit l’article 94, l’Assemblée nationale et le Sénat ont écouté le message annuel sur l’état de la Nation.
Le Chef de l’État y a dressé un bilan macroéconomique robuste, marqué par la reprise post-pandémie et des investissements ciblés dans l’agriculture, l’électricité et la couverture santé.
C’est après cet exposé que le président de l’Assemblée, micro en main, a jugé « légitime » d’inviter le magistrat suprême à poursuivre l’œuvre entamée, évoquant la stabilité et la cohésion comme atouts.
La séquence a immédiatement alimenté les réseaux sociaux, chacun décortiquant l’intention, mais aucun juriste n’a relevé de manquement formel : la tribune n’a débouché sur aucun débat, respectant l’esprit du texte fondamental.
Le rôle politique assumé du Parlement
Institution éminemment politique, le Parlement congolais produit la loi, contrôle l’action gouvernementale et reflète les rapports de force sortis des urnes.
Dans un régime semi-présidentiel marqué par la discipline partisane, personne n’ignore qu’un appel de la majorité correspond d’abord à une stratégie de cohésion interne avant d’être un message à l’opinion.
De Paris à Abuja, il est courant qu’un speaker affiche sa préférence lorsque le calendrier électoral se précise; le cas congolais ne fait donc pas exception, tout en restant encadré par les règles de séparation des pouvoirs.
Majorité et stratégie PCT
Le Parti congolais du travail, maître de la majorité depuis 2002, vise une reconduction confortable pour éviter les blocages ayant secoué le pays en 1992-1993.
Pour Isidore Mvouba, l’équation est simple : réélire le président sortant assurerait une cohérence verticale, depuis les mairies jusqu’au sommet, et accélérerait la mise en œuvre du Plan national de développement 2022-2026.
Cette vision, jugée pragmatique par ses soutiens, se heurte néanmoins à la réalité d’un scrutin ouvert, où l’opposition prépare, elle aussi, parrainages et récits alternatifs pour séduire un électorat jeune et urbain.
À retenir
L’intervention du président de l’Assemblée n’a violé aucune disposition; elle s’inscrit dans une logique de majorité et confirme que la campagne, sans être officiellement lancée, a déjà investi les enceintes institutionnelles.
Le débat qui en résulte interroge la capacité de chaque camp à mobiliser ses élus et à convaincre l’opinion, notamment sur la consolidation des acquis macroéconomiques et la création de 200 000 emplois espérés d’ici 2027.
Que faire concrètement ?
Pour les électeurs, l’enjeu immédiat reste de vérifier leur inscription lors de la révision annuelle des listes, annoncée pour mai-juin 2025 par le ministère de l’Intérieur.
Les organisations de jeunesse invitent par ailleurs les primo-votants à se familiariser avec le mode de scrutin à deux tours, rappelant que le bulletin unique introduit en 2021 sera reconduit.
FAQ
Un parlementaire peut-il soutenir publiquement un candidat ? Oui, tant qu’il n’utilise pas de moyens financiers de l’État pour la propagande.
Le Président doit-il déclarer sa candidature devant le Parlement ? Non, la loi électorale fixe la période de dépôt des dossiers à janvier 2026 auprès de la Cour constitutionnelle.
Le message sur l’état de la Nation influence-t-il la campagne ? Indirectement, puisqu’il permet au Chef de l’État de présenter ses résultats, éléments que les électeurs pourront comparer avec les programmes alternatifs dès l’ouverture officielle.
Infographie clé
Infographie 1 détaille le chemin critique : révision des listes en juin, publication du corps électoral fin octobre, dépôt des candidatures du 3 au 17 janvier, campagne du 14 février au 20 mars et scrutin le 24 mars, sous réserve de validation officielle.
Regards d’experts
Le constitutionnaliste Rodrigue Ngoma estime que « la démarche d’Isidore Mvouba s’apparente à une motion de confiance politique, sans portée contraignante, mais fortement symbolique pour la base militante qui attendait un signal clair ».
À l’inverse, la sociologue Cécile Bemba rappelle que l’appel pourrait galvaniser l’opposition, soucieuse de défendre l’alternance et susceptible de fédérer ses segments autour d’un candidat unique avant la clôture des dossiers.
Perspectives régionales
Dans la sous-région, plusieurs États ont récemment amorcé une révision de leur cadre électoral; le Congo préfère la stabilité juridique, gage de lisibilité pour les partenaires tels que la CEEAC et la Banque africaine de développement.
Le suivi de ce calendrier, couplé au recours croissant aux technologies biométriques, devrait consolider la crédibilité du scrutin, selon le Centre africain d’études électorales.
Prochain rendez-vous
Prochain rendez-vous institutionnel: l’ouverture ordinaire de la session budgétaire en octobre, où les orientations financières 2026 donneront un aperçu supplémentaire des priorités de campagne.


