Ce qu’il faut savoir
À deux jours de la clôture de la révision annuelle des listes électorales, l’administration congolaise annonce un taux d’enrôlement supérieur à 90 %, selon la Direction générale des affaires électorales. Un chiffre salué comme un signal encourageant à quatre mois de la présidentielle 2026.
Ce premier bilan fait consensus entre la Commission nationale électorale indépendante, la force publique et les mairies d’arrondissement, réunies le 28 octobre à Brazzaville pour valider les chiffres provisoires transmis depuis les centres d’enregistrement urbains et ruraux.
Retour sur l’opération de révision
Ouverte le 1ᵉʳ septembre, l’opération a mobilisé plus de 6 000 agents recenseurs sur l’ensemble des 12 départements. Elle visait à inscrire les nouveaux majeurs, radier les électeurs décédés et corriger les doublons signalés lors des scrutins antérieurs.
Selon Jean-Claude Etoumbakoundou, préfet et directeur général des Affaires électorales, la logistique a été anticipée : kits biométriques, tablettes, groupes électrogènes et carburant ont été déployés dès août grâce à une dotation spéciale du Trésor public.
La CNEI, présidée par le magistrat Henri Bouka, a supervisé la formation des opérateurs et la sécurisation informatique des données, tandis que la force publique, sous l’autorité du général Guy Blanchard Okoï, a assuré la chaîne d’escorte des listings sensibles.
Chiffres clés de l’enrôlement
D’après les rapports partiels, environ 2,2 millions de citoyens figurent déjà sur la liste générale, contre 2 034 000 lors de la dernière présidentielle. La progression est portée par le poids démographique grandissant des départements du Niari, de la Sangha et de Pointe-Noire.
Le segment des primo-votants, c’est-à-dire les Congolais ayant fêté leurs 18 ans depuis 2022, représente à lui seul près de 170 000 nouvelles inscriptions, un enjeu stratégique courtisé par tous les quartiers généraux de campagne.
Au sein de la force publique, la liste spéciale atteint déjà 95 % d’actualisation. Le chef d’état-major a insisté sur l’importance de cet exercice pour garantir à chaque militaire le droit de voter dans les conditions prévues par la Constitution.
Regards croisés des acteurs
Pour la majorité présidentielle, ce taux de couverture rassure sur la fiabilité du fichier et balaye certaines critiques exprimées par l’opposition après les législatives de 2022.
Le porte-parole du Parti social-démocrate, joint par téléphone, reconnaît lui-même « un effort organisationnel notable », même s’il appelle à publier très vite la liste provisoire afin de faciliter les réclamations avant l’affichage définitif.
Observateurs de la société civile, tel le Réseau Agir pour la Démocratie, soulignent pour leur part la fluidité des files et la diminution des pannes techniques par rapport à la campagne de 2023 destinée aux élections locales.
Enjeux pour la présidentielle 2026
Au-delà des chiffres, l’enjeu est politique : un fichier électoral jugé crédible conditionne l’acceptation des résultats et donc la stabilité du climat post-électoral, martèlent les universitaires consultés.
Le président Denis Sassou Nguesso, candidat potentiel à sa propre succession, a récemment rappelé que « chaque voix doit compter avec exactitude ». Cette priorité est reprise dans les orientations fixées au ministère de l’Intérieur pour le budget 2025.
La transparence du registre numérique devra aussi convaincre la diaspora, appelée à s’inscrire dès janvier dans les missions diplomatiques, un pas supplémentaire vers une participation plus inclusive voulue par les réformes constitutionnelles de 2015.
À retenir
À ce stade, plus de neuf électeurs sur dix sont enrôlés, la coordination institutionnelle apparaît solide et aucune zone n’a signalé d’incident majeur susceptible de retarder la clôture fixée au 30 octobre.
Que faire concrètement ?
Les retardataires peuvent encore se présenter de 8 h à 18 h, munis d’une pièce d’identité ou d’un acte de naissance. Les agents rappellent qu’une copie numérique est remise instantanément, garantie contre les dégradations des cartes papier.
Pour modifier son adresse, il suffit de présenter un justificatif de domicile et l’ancienne carte. Les opérateurs envoient automatiquement la mise à jour au serveur central, évitant les doubles inscriptions.
FAQ pratiques
Faut-il payer ? Aucun frais n’est demandé, l’opération est prise en charge par le budget national. Peut-on se faire représenter ? Non, la présence physique est obligatoire pour la prise d’empreintes.
Et si je suis hors du pays ? Les Congolais résidant à l’étranger seront reçus dans les ambassades du 10 janvier au 10 février 2025. Leur inscription sera intégrée automatiquement à la base centrale.
Vers la suite du calendrier
Dès la clôture, la DGAE publiera la liste provisoire, ouvrant une période de contentieux gracieux de quinze jours. Les listes définitives, attendues au plus tard le 20 novembre, serviront de socle à la convocation officielle du corps électoral.
La campagne présidentielle démarrera ensuite début février, selon le chronogramme proposé par la CNEI et soumis à validation du ministère de l’Intérieur. Le premier tour reste fixé au 21 mars 2026, sous réserve d’aucune modification légale.
Observation internationale attendue
Les observateurs internationaux de la CEEAC et de l’Union africaine devraient être invités dès janvier pour auditer les dernières étapes, une démarche destinée à renforcer la confiance des partenaires et à valoriser l’image d’un processus électoral maîtrisé. Cette inspection préalable est déjà saluée par plusieurs chancelleries occidentales.


