Ce qu’il faut savoir
Depuis l’ouverture officielle de la révision des listes électorales le mois dernier, les équipes de la Commission nationale électorale indépendante quadrillent le territoire pour enregistrer nouveaux votants et mises à jour d’état civil. Le neuvième arrondissement de Brazzaville, Djiri, affiche déjà une effervescence particulière.
Portée par l’initiative « Dynamique Jeunesse de Djiri », la mobilisation locale veut profiter de la fenêtre officielle fixée par le ministère de l’Intérieur pour garantir que chaque carte d’électeur soit prête avant la présidentielle de 2026, un scrutin que tous annoncent déterminant.
Le président de la dynamique, Samarange Gordani Poukouo, résume l’enjeu : « S’inscrire, c’est obtenir le droit de peser sur les grandes orientations nationales ». Son message trouve un écho dans un contexte où les autorités encouragent la jeunesse à prendre toute sa place dans la vie publique.
Révision des listes électorales 2026
La révision, prévue jusqu’à fin janvier 2025, actualise le fichier qui servira de base au vote. L’opération inclut l’enrôlement biométrique, salué par les observateurs internationaux pour sa fiabilité et soutenu par le gouvernement, soucieux d’un processus transparent et inclusif.
À Djiri, quatre centres d’enrôlement fonctionnent en continu, grâce à un partenariat entre la mairie et la CENI. Les équipes mobiles desservent aussi les quartiers périphériques où vit une population jeune souvent éloignée des services administratifs classiques.
Djiri, laboratoire de la participation juvénile
Selon les chiffres provisoires recueillis sur place, plus de 8 000 nouveaux électeurs de moins de trente ans ont déjà été enregistrés en trois semaines. Ce bond confirme le potentiel démographique du quartier, mais aussi l’appétit civique d’une génération connectée.
La stratégie repose sur la proximité. Des duos de bénévoles arpentent rues sablonneuses et marchés pour dialoguer, smartphone à la main. Chaque volontaire dispose d’un argumentaire simple : expliquer les pièces exigées, rassurer sur la rapidité de la procédure et rappeler la date limite.
Le porte-à-porte qui change la donne
Pour Sambou Makita, étudiante de 22 ans, le déclic est venu « quand deux membres de la dynamique sont passés chez moi ». Elle s’est inscrite le lendemain au centre Notre-Dame du Rosaire et convainc maintenant ses camarades d’université de faire de même.
Ce bouche-à-oreille, renforcé par des vidéos courtes diffusées sur TikTok, Instagram et WhatsApp, touche un public encore réticent aux canaux institutionnels. « Nous voulons que les jeunes entendent un discours qui leur ressemble », insiste Poukouo, vantant un engagement « apolitique mais patriote ».
Un enjeu stratégique pour 2026
La Constitution révisée consacre la souveraineté populaire et fixe l’âge minimum d’éligibilité à quarante ans pour la magistrature suprême. Toutefois, avec plus de 60 % de la population âgée de moins de 25 ans, le poids électoral de la jeunesse deviendra décisif en 2026.
Le gouvernement, qui a proclamé 2024 « année de la jeunesse et de la citoyenneté », multiplie ateliers, concours et forums pour valoriser cette force vive. Les autorités espèrent ainsi porter le taux de participation global au-delà de 70 %, contre 56 % lors du précédent scrutin présidentiel.
À retenir
À Djiri, la sensibilisation s’appuie sur trois leviers : proximité terrain, digital natif et confiance communautaire. Ensemble, ils produisent un effet d’entraînement que confirment les chiffres quotidiens affichés par la CENI dans chaque centre d’enrôlement.
Les leaders associatifs insistent sur le caractère gratuit de l’inscription, l’importance de vérifier l’exactitude des données et la nécessité de garder précieusement la quittance délivrée, document indispensable pour recevoir la carte définitive avant l’ouverture de la campagne officielle.
Que faire concrètement ?
Les habitants du neuvième arrondissement disposent jusqu’au 25 janvier 2025 pour se présenter dans le centre le plus proche, munis d’une pièce d’identité ou d’un acte de naissance sécurisé. Les équipes acceptent également le passeport en cours de validité pour les membres de la diaspora revenus récemment.
Après vérification numérique, une photo et les empreintes sont recueillies. Le récépissé mentionne le bureau de vote auquel l’électeur sera rattaché. Pour toute question, un numéro vert national et une application mobile guideront les démarches, réduisant les files d’attente observées par le passé.
FAQ citoyenne
Qui peut s’inscrire ? Toute personne de nationalité congolaise âgée d’au moins 18 ans au jour du scrutin de 2026, même si elle a changé de domicile depuis le précédent recensement.
Peut-on vérifier son inscription en ligne ? Oui, un portail sécurisé affiche le statut à partir du numéro de récépissé. En cas d’erreur, une demande de correction est possible jusqu’à la clôture officielle de la révision.
Les données sont-elles protégées ? La CENI assure que la base biométrique est hébergée au Congo et chiffrée, conformément à la loi sur la protection des données personnelles adoptée en 2023.
Perspectives nationales
Au niveau national, la CENI prévoit d’installer plus de 3 000 kits biométriques supplémentaires d’ici juillet 2025, afin de couvrir les zones forestières et fluviales. Cette montée en puissance logistique vise à garantir l’égalité d’accès au droit de vote.
« Notre objectif est simple : offrir aux Congolais un scrutin apaisé et techniquement irréprochable », assure un responsable du ministère de l’Administration du territoire, rappelant que Brazzaville travaille en partenariat avec l’Union africaine pour renforcer la formation des agents électoraux.