Une crise multidimensionnelle s’accélère
L’Afrique de l’Ouest et centrale est confrontée à des niveaux de déplacement sans précédent, alimentée par une confluence de conflits, de chocs climatiques et un soutien international décroissant. Selon les données récentes de l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, près de 13 millions de personnes ont été déplacées dans la région, soit une augmentation de 48% depuis 2020. Cette crise est soulignée par l’Institut sud-africain pour les études de sécurité qui, à l’occasion de la Journée mondiale des réfugiés le 20 juin, a mis en lumière les conditions déplorables auxquelles sont confrontées les personnes déplacées, alors que les frontières se resserrent et que l’aide humanitaire s’effondre.
Les acteurs majeurs de la crise
Des pays comme le Nigéria, le Burkina Faso et le Cameroun représentent plus de 80% des personnes déplacées à l’intérieur des frontières nationales. Le Tchad, quant à lui, est submergé par près de 780 000 réfugiés soudanais cherchant refuge contre la guerre civile. Ces pressions intenses sur les ressources locales ont été décrites par Abdouraouf Gnon-Konde, directeur régional de l’UNHCR, comme une ‘tempête parfaite’ où les risques de protection, surtout pour les femmes et les enfants, augmentent de façon exponentielle.
Retour volontaire et réalités sur le terrain
Bien que plus de 14 600 personnes aient pu retourner volontairement dans des pays tels que le Nigéria et le Mali entre janvier et avril 2025, les perspectives restent sombres en raison de l’instabilité persistante et de la réduction drastique des budgets d’aide. Les opérations humanitaires souffrent de ces coupes budgétaires, mettant en péril l’approvisionnement en nourriture, en abri et en soins médicaux vitaux.
L’impact des priorités mondiales changeantes
Alors que les grands donateurs, y compris les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Union européenne, réduisent leur aide étrangère et resserrent leurs politiques frontalières, la situation en Afrique de l’Ouest et centrale devient de plus en plus précaire. Les déplacements dus aux conflits au Soudan et en République Démocratique du Congo représentent désormais près de la moitié de tous les déplacements internes d’origine conflictuelle dans le monde. La désespérance économique pousse également vers des migrations risquées, et nombre de ceux qui tentent ces périples restent bloqués en route.
La nécessité d’une réponse durable
Les experts appellent à un changement vers des politiques de migration régulières et circulaires ainsi qu’à des investissements de développement à long terme pour prévenir une augmentation de l’instabilité et des souffrances humaines à travers le continent. Ignorer ces appels pourrait exacerbée encore plus une crise humanitaire déjà critique.