Cap sur 2026: un congrès stratégique
À seize mois de la présidentielle, le sixième congrès ordinaire du Parti congolais du travail, attendu en décembre 2025, s’annonce comme le cadrage politique majeur de la majorité. Son objectif: calibrer une offre programmatique capable de consolider l’avantage du pouvoir en 2026.
Pour les stratèges du PCT, la conjoncture est singulière : l’économie se relève, les investissements pétroliers reprennent, mais les attentes sociales demeurent vives. L’enjeu est donc d’offrir un récit mobilisateur, sans rompre avec la ligne de stabilité incarnée par le président Denis Sassou Nguesso.
Des préparatifs minutieux au siège de Mpila
Réunis le 23 août 2025 au siège de Mpila, les membres du comité préparatoire, placés sous la coordination vigilante de Pierre Moussa, ont passé en revue le calendrier, les besoins logistiques et la répartition des tâches. L’atmosphère, décrite comme studieuse, traduisait l’urgence de la mission.
Le comité, installé dès le 7 juillet au palais des congrès, a lancé une cotisation spéciale. Selon un participant, « nous voulons que chaque militant contribue, afin que personne ne puisse dire que ce congrès n’est pas l’affaire de tous ». La culture d’autofinancement est mise en avant.
Financement interne et discipline de parti
Le financement interne répond à un double impératif : démontrer la solidité organisationnelle du PCT et préserver l’image d’un parti proche des réalités de ses bases. La logique est claire : pas de dépendance excessive vis-à-vis des bailleurs, gage de souveraineté programmatique.
Les coordinateurs rappellent que la réussite financière conditionnera l’accueil des délégués venus des douze départements: hébergement, transport, sécurité, santé. Ce pragmatisme rejoint la méthode Sassou Nguesso : consolider l’existant avant d’annoncer de nouveaux engagements, surtout à l’approche d’une joute présidentielle qui s’annonce serrée.
Commissions thématiques: feuille de route électorale
Quatorze commissions ont été installées, dont sept thématiques et sept techniques. Leurs rapports devront nourrir la plateforme 2026: gouvernance, diversification économique, transition énergétique, numérisation des services publics, jeunesse, sécurité et diplomatie. Chaque présidence est tenue de proposer des indicateurs mesurables, exigence rare sous nos latitudes.
Un conseiller proche du secrétariat permanent confie que « le prochain programme présidentiel sortira de ces ateliers ». Pour lui, le parti veut éviter les promesses généralistes et privilégier des priorités budgétées, afin de renforcer l’argument d’une continuité réformatrice plutôt que d’un immobilisme fantasmé.
Congrès départementaux, terrain d’arbitrage
Le calendrier arrêté prévoit des congrès départementaux à partir d’octobre 2025. Ils serviront de baromètre électoral interne, permettant de mesurer l’adhésion des bases et de tester de nouveaux slogans. Les rapports d’étape remonteront chaque semaine à Mpila, signe d’une verticalité assumée.
Les fédérations rurales, souvent mises en retrait, bénéficieront d’un focus particulier. Le parti compte y vanter les avancées d’accès à l’eau et à l’électricité enregistrées depuis 2021, tout en sondant les attentes en matière d’agriculture familiale, thème que l’opposition tente de monopoliser.
Pierre Moussa, chef d’orchestre discret
Ancien ministre du Plan puis de la CEEAC, Pierre Moussa connaît les arcanes du pouvoir et les exigences protocolaires. Sa nomination à la coordination du congrès rassure les cadres. Un proche note sa « capacité à arbitrer sans bruit », atout précieux à l’heure des ambitions.
Sous son pilotage, chaque commission doit livrer un draft sous six semaines. Le suivi s’appuie sur un logiciel interne de gestion de projet, reflet d’une modernisation organisationnelle que le parti compte aussi promouvoir dans son discours national sur la transformation numérique.
Vers la désignation d’un candidat de consensus
La question de la candidature pour 2026 ne figure pas officiellement à l’ordre du jour, mais chacun sait que le congrès en fixera les contours. Les tenants de la continuité voient en Denis Sassou Nguesso le « capitaine éprouvé ». Jusqu’ici, aucun poids lourd n’a déclaré d’intentions contraires.
Dans les couloirs, certains cadres évoquent néanmoins un format de ticket président-vice-président, destiné à préparer la relève tout en sécurisant l’échéance de 2026. Cette option, si elle voyait le jour, serait présentée comme preuve d’ouverture et d’anticipation, plutôt que comme un désaveu.
Message attendu aux partenaires internationaux
Le discours final du congrès devrait mettre en avant la stabilité macroéconomique et la contribution du Congo aux objectifs climatiques. Brazzaville veut rassurer investisseurs et bailleurs multilatéraux avant de solliciter de nouveaux soutiens au Fonds monétaire africain, projet porté par la CEMAC.
L’équipe diplomatique insiste pour que les résolutions soulignent la coopération Sud-Sud, notamment avec l’Angola et le Rwanda, alliés désormais clés. Une telle mention placerait la campagne 2026 dans le sillage des nouvelles solidarités africaines, tout en confortant la stature internationale du président sortant.
Une opposition à l’affût mais fragmentée
Pendant que le PCT peaufinait son agenda, les principaux partis d’opposition se querellaient encore sur la tenue de primaires communes. Cette dispersion conforte le parti au pouvoir, mais ses cadres évitent tout triomphalisme, conscients que l’électorat urbain reste mouvant et attentif aux résultats concrets.
Décembre 2025, millésime décisif
Le mois de décembre scellera donc le pacte de la majorité avant la bataille de 2026. Si le congrès réussit son pari d’unité et de crédibilité budgétaire, le PCT abordera la nouvelle campagne avec un avantage certain, mais non décisif, dans un paysage électoral en mutation.