Ce qu’il faut savoir
À trois mois de la présidentielle du 17 mars 2026, l’idée d’un colloque national de l’opposition lancée par Mathias Dzon agite la scène politique congolaise. L’initiative, prévue du 12 au 14 décembre 2025, ambitionne de débattre de la gouvernance électorale et d’adopter des propositions communes.
Le concept séduit une partie des signataires de la lettre ouverte du 2 juillet 2025, mais d’autres dénoncent une préparation jugée solitaire et craignent un agenda caché remettant en cause la date du scrutin. Cet éclatement révèle les lignes de fracture internes à l’opposition.
Le calendrier serré de 2026
Selon le calendrier adopté par la Commission nationale électorale indépendante, les listes définitives des candidats seront publiées le 3 février 2026, ouvrant une campagne de quarante jours. Toute modification substantielle des règles avant cette échéance devrait, légalement, faire l’objet d’une révision parlementaire accélérée.
La proposition de l’ARD en détail
Le projet défendu par l’Alliance pour la République et la Démocratie (ARD) plaide pour une loi électorale repensée, la biométrie intégrale et une commission élargie aux magistrats et à la société civile. Mathias Dzon estime qu’une telle réforme garantirait « un vote accepté par tous ».
Parallèlement, le collectif propose une période transitoire chargée de superviser le processus. Ses détracteurs y voient un « gouvernement bis ». L’intéressé répond que la transition ne dépasserait pas six mois et se limiterait à l’organisation d’élections « propres, inclusives et crédibles ».
Réactions croisées au sein de l’opposition
Clément Miérassa rappelle avoir déjà remis aux autorités un mémorandum de vingt-cinq pages sur la gouvernance électorale et déplore une « conférence parallèle ». Jean-Félix Demba-Ntélo, lui, refuse de se « laisser tracté » dans une initiative qui, selon lui, court-circuiterait les partis historiques.
Modeste Boukadia et Guy-Magloire Mafimba Motoki soutiennent néanmoins l’idée, estimant qu’une voix unifiée pourrait encore influencer les derniers réglages du scrutin. Cet appui partiel confirme que le colloque, s’il se tient, risquerait de rassembler surtout les composantes déjà proches de l’ARD.
L’état du cadre électoral officiel
Depuis 2022, le Congo-Brazzaville a introduit des cartes d’électeur numériques et renforcé la présence d’observateurs judiciaires dans les bureaux. Le ministère de l’Administration du territoire assure que « les dispositions nécessaires sont prises pour garantir la transparence et la sécurité du vote de 2026 ».
Une session extraordinaire de l’Assemblée nationale, en juin 2025, a adopté plusieurs ajustements techniques : publication en ligne des procès-verbaux, diffusion télévisée des totaux provisoires, et plafonnement des dépenses de campagne. Ces avancées, saluées par certains partenaires régionaux, restent jugées insuffisantes par les promoteurs du colloque.
Les garanties offertes par le gouvernement
Interrogé à Brazzaville, le porte-parole du gouvernement rappelle que « la Constitution de 2015 garantit un calendrier intangible ». Il souligne la disponibilité de l’exécutif à dialoguer, mais prévient que toute proposition devra respecter la souveraineté nationale et les délais constitutionnels déjà connus de tous.
Plusieurs membres de la majorité citent en exemple l’ouverture, en août dernier, d’un forum citoyen sur la participation des jeunes. Selon eux, la dynamique positive initiée par le chef de l’État mérite d’être consolidée plutôt que suspendue par un débat institutionnel potentiellement anxiogène pour les électeurs.
Le risque d’un report jugé sensible
Les constitutionnalistes soulignent qu’un report créerait un précédent difficile à gérer, surtout dans un contexte régional où la tenue régulière des élections renforce la stabilité. L’argument est partagé par certains diplomates, convaincus qu’un calendrier respecté témoigne du sérieux institutionnel du Congo-Brazzaville.
La lecture des observateurs internationaux
L’Institut panafricain d’études électorales voit dans le débat actuel un signe de vitalité démocratique. Il recommande cependant d’articuler toute réforme avec les mécanismes existants plutôt que de repartir de zéro, afin d’éviter une rupture susceptible d’alourdir la facture budgétaire et logistique du scrutin.
Perspectives post-scrutin
En toile de fond, plusieurs universitaires rappellent que la réforme électorale est un chantier permanent, quel que soit le résultat de 2026. Dès 2027, un groupe de travail parlementaire devrait plancher sur le vote électronique pilote dans certaines circonscriptions urbaines.
Que faire concrètement ?
Pour les électeurs, la priorité reste l’inscription ou la vérification de leur nom sur les listes avant la clôture annoncée au 10 janvier 2026. Les jeunes primo-votants sont encouragés à se rendre dans les mairies ou via la plateforme mobile mise en service l’an dernier.
Les partis désireux d’influer sur le processus peuvent toujours déposer, auprès du ministère, des propositions de modification réglementaire avant le 20 décembre 2025. Au-delà de cette date, seule la cour constitutionnelle pourra trancher d’éventuelles contestations, conformément à la jurisprudence établie lors des scrutins précédents.
À retenir
Le colloque souhaité par l’ARD illustre la quête permanente d’amélioration du cadre électoral. Toutefois, le gouvernement, appuyé par plusieurs experts, considère qu’il n’y a pas lieu de bouleverser un calendrier déjà sécurisé. Les semaines à venir diront si un compromis dynamique peut encore émerger.
FAQ express sur le colloque
Quid du lieu ? L’hôtel Radisson Blu de Brazzaville est pressenti. Qui finance ? L’ARD évoque une cagnotte participative, tandis que le Trésor public réaffirme qu’aucun fonds d’État ne sera mobilisé pour une réunion partisane. Quelles suites ? Un mémorandum devrait être remis aux autorités.


