Brazzaville dit stop à la pré-campagne
Dans son communiqué du 17 septembre 2025, le maire Dieudonné Bantsimba intime l’ordre de retirer toutes les banderoles partisanes apparues dans la capitale depuis l’ouverture de la révision des listes électorales.
Le coup de frein intervient alors que certains quartiers donnaient déjà l’impression d’être entrés en plein meeting, un an avant l’ouverture officielle de la campagne pour la présidentielle de 2026.
Cadre légal rappelé
L’article 25 du code électoral fixe la campagne à quinze jours francs avant le scrutin et la clôture l’avant-veille à minuit.
L’article 26 encadre la propagande par réunions, presse ou affichage mais uniquement durant cette fenêtre. Hors délai, toute publicité politique est considérée comme illégale et passible de retrait d’office.
Une décision conforme aux orientations nationales
Depuis plusieurs discours, le président Denis Sassou Nguesso insiste sur l’exemplarité des institutions locales et la primauté du droit.
Le geste du maire, loin d’être un camouflet, s’inscrit donc dans la logique gouvernementale : consolider la crédibilité du processus électoral et prévenir toute tension prématurée.
Les enjeux de la révision des listes
La révision annuelle, ouverte jusqu’à la fin novembre, permet de radier les électeurs décédés, d’inscrire les primo-votants et d’intégrer les changements de résidence.
Une base propre garantit que chaque voix comptera en 2026, condition essentielle pour un taux de participation élevé et des résultats incontestables.
Primo-votants et diaspora mobilisés
Les services d’état civil notent déjà une affluence marquée des jeunes de 18 ans venus récupérer leurs pièces d’identité pour s’inscrire.
Le ministère des Affaires étrangères prépare, pour sa part, une campagne d’information numérique afin que la diaspora congolaise suive les mêmes étapes auprès des missions diplomatiques.
La posture des partis majoritaires
Certains cadres ont admis, en aparté, avoir « sur-interprété » leur zèle militant en multipliant banderoles et effigies.
Le rappel municipal leur offre l’occasion de rediriger leurs efforts vers la sensibilisation porte-à-porte, plus conforme aux textes et souvent plus efficace sur le terrain.
Message implicite du chef de l’État
Un conseiller du Palais rappelle que « le président prône un jeu démocratique serein, car la victoire doit être indiscutable ».
En d’autres termes, contenir la fièvre pré-électorale protège la légitimité future du vainqueur, quel qu’il soit, et conforte l’image d’un Congo respectueux de ses propres règles.
Ce qu’il faut savoir
Tout affichage politique avant la date légale est interdit et sera retiré sous 72 heures.
Les électeurs ont jusqu’à fin novembre pour vérifier ou corriger leurs données dans les centres d’enrôlement.
Les contrevenants à l’affichage risquent des amendes prévues par les textes municipaux.
À retenir
La mairie n’agit pas contre un camp mais pour la transparence.
Le rappel intervient en pleine phase de révision, moment sensible du calendrier.
Le Conseil supérieur de la liberté de communication accompagne l’opération sur l’ensemble du territoire.
Que faire concrètement ?
Citoyens, vérifiez votre nom sur la liste communale ou consulaire, munis d’une pièce d’identité.
Responsables politiques, concentrez vos messages sur la pédagogie du vote plutôt que sur l’affichage.
Associations, relayez les communiqués officiels afin d’éviter tout malentendu juridique.
FAQ électeurs
Peut-on porter un tee-shirt partisan pendant la révision ? Oui, s’il n’y a pas distribution massive assimilable à de la propagande.
La mairie peut-elle arracher une affiche dans une cour privée ? Non, sauf si elle est visible depuis la voie publique.
Des réunions internes de parti sont-elles autorisées ? Oui, tant qu’elles restent à huis clos.
Infographie à consulter
Nos lecteurs trouveront, en ligne, une carte interactive montrant les points d’enrôlement, les délais et les numéros utiles, basée sur les données du ministère de l’Administration du territoire mises à jour le 15 septembre 2025.
Le rôle de la société civile
Plusieurs ONG d’éducation civique, dont ADEC et Observatoire 2026, saluent le rappel à l’ordre, y voyant un signal en faveur d’élections paisibles.
Elles prévoient des ateliers dans les arrondissements pour expliquer le calendrier et encourager la participation féminine, encore en-deçà de 45 % en 2021.
Perspectives régionales
Au-delà de Brazzaville, les mairies de Pointe-Noire, Dolisie et Owando se disent prêtes à appliquer la même rigueur, histoire d’harmoniser les pratiques.
Selon un préfet, cela évitera les accusations de deux poids deux mesures souvent brandies par l’opposition.
Vers une compétition apaisée
Le retrait des supports précoces réduit la confusion entre information civique et propagande partisane.
Pour 2026, l’enjeu est clair : organiser une confrontation d’idées dans le strict respect du calendrier, condition indispensable à la stabilité politique et au rayonnement international du Congo.


